Fidèle à l’image de "Little Fucker" qu’il cultive avec malice et autodérision, Vic Chesnutt s’est fait un malin plaisir de pourrir notre fin d’année 2009.

À la veille de Noël, le songwriter d’Athens, vieil habitué des tentatives de suicide, a avalé un cocktail de médicaments qui l’a plongé dans un profond coma. Découvert seulement 12 heures plus tard, il risque des séquelles si les médecins parviennent à le sauver.

La nouvelle, révélée sur Twitter par Kristin Hersh, a suscité une vague d’émotion culminant dans un de ces emballements dont le web est coutumier : plusieurs sites (dont Pitchfork et Spinner.com) ont ainsi annoncé prématurément la mort de Vic Chesnutt dans la matinée du 25 décembre. Nous avons participé à ce mouvement et nous nous en excusons auprès de nos lecteurs.

Sa collaboration avec les Canadiens de Constellation, entamée en 2007 avec North Star Deserter, avait permis à Vic Chesnutt de sortir de l’obscurité où survivent les artistes "cultes". Mais malgré l’apparent apaisement, tout n’allait pas bien pour le chanteur. Il avait récemment révélé dans une interview à The Huffington Post qu’il avait cumulé les frais d’hospitalisation au cours des dernières années (paraplégique depuis ses 18 ans, Vic était de santé très fragile) et que les factures qui lui étaient aujourd’hui présentées par les huissiers s’élevaient à 50 000 dollars. Une situation qui ne l’a certainement pas incité à s’accrocher à la vie.

Pourtant, dans son album At The Cut paru cette année chez Constellation, Vic Chesnutt chantait ses adieux à la mort : "J’ai flirté avec toi toute ma vie, je t’ai même embrassée une fois ou deux, mais je n’étais pas prêt."

Il semble qu’il ait finalement décidé qu’il était prêt. Mais nous, nous ne sommes pas prêts à le perdre.

(Photo : Jem Cohen.)