Un beat oldschool, trois accords de Casio façon BO d’ Alex Kidd (remember la Master System), une histoire surréaliste à la résonance satirique et un flow nonchalant dont l’accent bostonien vient renforcer l’impression d’un croisement contre nature entre les babillages erratiques de Mark E. Smith et le snobisme ironique de Scroobius Pip, voilà la recette de ce premier album de Curtis Plum, vite expédié (une demi-heure) et pourtant appelé à devenir culte en moins de temps qu’il n’en faut pour dire Up In Ya Face.

Après la déception du nouveau B. Dolan, aussi éloigné des névroses de The Failure que de la légèreté inhérente aux productions habituelles d’Alias, et le sentiment un brin mitigé laissé par Li(f)e, c’est donc un mystérieux MC de l’Idaho (et non pas de Nouvelle-Angleterre) qui défendra le mieux en ce début d’année les couleurs du label Strange Famous Records de Sage Francis, prenant autant de plaisir à singer paresseusement au clavier les accords de xylophone du No Surprises de Radiohead pour mieux se moquer de l’auto-satisfaction des indie kids ("Indie Rocker, you were never cool in junior high, you’re not cool now... I hope you’ll go home and cry to some Radiohead"), qu’à incarner un flic à vélo qui s’y croit ou une X-Box aux nerfs fragiles (?!), défendre les talents d’acteur incompris de Vin Diesel (le refrain "he’s my friend yo, check it out yo" hilarant de feinte empathie), tourner au ridicule notre addiction aux téléphones portables ou accuser son idole le rappeur (raper ?) Lil’ Wayne d’avoir voulu abuser de lui sexuellement à la fin d’un concert. Le tout avec autant d’efficacité dans le beatmaking minimaliste que dans l’humour caustique, pas toujours aussi absurde qu’il en a l’air...

Curtis Plum, le futur Devo du hip-hop ?