Ceux qui ont déjà croisé la route de François Audrain, l’auront probablement fait au détour de l’une de ses deux premières créations lorsque l’électronique était encore son terrain de jeu fétiche. Avec Les Soirs d’Eté, le changement est radical, et les machines rangées à la cave, troquées contre quelques bons vieux instruments acoustiques plus appropriés à l’exercice envisagé. Piano ou guitare deviennent ainsi, sans préférence apparente, les nouveaux compagnons d’un artiste dont la narration est la qualité première. Ce professeur en activité délaisse ainsi l’Histoire de France qu’il enseigne au quotidien, le temps de nous conter la sienne d’histoire, via treize pages bien personnelles et imbibées de souvenirs d’enfance et autres tableaux du passé. C’est comme invité à visionner les images émanant d’un projecteur Super 8 (format évoqué à deux reprises sur l’album), que l’on s’installe dans le salon d’un homme qui maîtrise parfaitement son sujet. Nous sommes alors rapidement amenés à effectuer la comparaison avec le travail de Florent Marchet dont l’écho se fait entendre de plus en plus fort au fil des morceaux. Et c’est avec Les Retours De L’Ecole que l’on se convainc définitivement de la légitimité de ce rapprochement, lorsque thèmes abordés, arrangements et élocutions se calquent de près sur les habitudes raffinées de notre berrichon préféré. Mais s’il ne faut rien retirer à la belle identité musicale qui se dégage de Les Soirs d’Eté, on appréciera de pouvoir citer également Dominique A lorsque l’ombre de celui-ci se met à planer sur le merveilleux L’Enfant Et La Mer. De quoi aiguiser plus d’un appétit, d’autant qu’une surprise de charme vient illuminer Rimbaud, avec l’apparition au chant de la délicieuse Barbara Carlotti.

Intime et captivant, le troisième album de François Audrain fait preuve de qualités mélodiques certaines et d’un joli travail d’instrumentation qui le rendent particulièrement attachant.