We Only Said - My Oversoul

My Oversoul, nouvel album de We Only Said, met en avant sa sur-âme élégamment cabossée et c’est beau.

1. Before The End
2. Dead Men Voir la vidéo We Only Said - Dead Men
3. Smile
4. Go Past
5. Messy Artist Voir la vidéo We Only Said - Messy Artist
6. Lies Voir la vidéo We Only Said - Lies
7. Enter The Dark Side
8. The Way You Show Your Love
9. Exp
10. Shoot Me

date de sortie : 24-05-2019 Label : Les Disques Normal

We Only Said est un groupe mouvant. Il est donc tout à fait naturel que sa musique le soit aussi. D’un disque à l’autre, on retrouve certes les sonorités ramenant aux ’90s chevillées à son meneur - Florian Marzano, seul maître à bord à l’origine lorsque le projet s’appelait encore I Only Said - mais aussi tous les apports des membres passés et présents venus lui prêter main forte depuis. My Oversoul, troisième album, diffère ainsi du précédent (le déjà formidable Boring Pools) qui lui-même différait du premier (le plus raide éponyme) tout en gardant intacts les traits principaux : les variations rythmiques, les voix doublées, les longues montées en puissance et les textes ciselés de Nathalie Burel. Aujourd’hui, les guitares (toujours Loïg Nguyen et Mathias Prime) sont un peu plus en retrait, les claviers prennent les devants et un violoncelle (celui de Juliette Divry de Mermonte) vient hanter les dix nouvelles enluminures des Rennais.
Il en résulte un souffle nouveau et un pouvoir d’évocation renouvelé. Ce qui pouvait n’être jusqu’ici que suggéré est désormais clairement posé et si la palette chromatique reste essentiellement ciel de traîne, elle se pare de teintes plus affirmées. Les mélodies ont encore gagné en envergure et elles se ruban-adhésivent fortement à l’encéphale. Avec tout ça, inutile de dire que l’adhésion est instantanée. Pour ma part, elle est intervenue dès le deuxième morceau, le très accaparant Dead Men (Before The End en ouverture avait néanmoins déjà bien préparé le terrain) et n’est plus jamais retombée ensuite. Un titre avec quelque chose comme un bégaiement sur le refrain, un truc qui procure un effet bœuf alors qu’il est bâti sur presque rien. Mais voilà, il transmet sa vibration mélancolique et ténue et il s’avère extrêmement difficile de ne pas entrer en résonance avec elle.
À partir de là, on est déjà très absorbé par le disque mais la suite se révèle du même acabit : l’équilibre des arrangements qui n’en font jamais trop, le violoncelle élégant, la voix prenante accompagnée de chœurs discrets (Astrid Radigue et Pierre Marolleau également aux baguettes) dessinent un relief finement ouvragé que l’on arpente de long en large pour ne pas en perdre une miette.


Les morceaux sont tout simplement à tomber et tout le petit monde de We Only Said donne l’impression de se connaître par cœur puisque les interventions de chacun tombent pile pour apporter ce qu’il faut de substance sans jamais dénaturer l’ensemble. On sent bien tout l’apport du collectif là-derrière. Il ne s’agit nullement de tirer la couverture à soi mais plutôt d’être suffisamment impliqué pour emmener les morceaux jusqu’où ils veulent bien se laisser porter. Il faut dire que contrairement au précédent, enregistré en studio en quelques jours dans les conditions du live, la maturation a été plus longue : les prises se sont cette fois-ci étalées sur plusieurs mois pour laisser le temps à My Oversoul d’advenir.
C’est bien pour cela qu’il sonne si bien tout en conservant une forme de spontanéité et de fraîcheur le rendant très vivant, la captation naturelle de Damien Tillaut (qui tient aussi la basse) et le mastering de Bob Weston n’y sont sans doute pas étrangers. Exceptée Messy Artist, reprise de Ral Partha Vogelbacher (projet connexe de Thee More Shallows), qui de mon point de vue rompt légèrement la cohérence (c’est normal, c’est une reprise), les titres coulent les uns dans les autres en montrant une belle variété. Le clair-obscur est finement entretenu via une poignée de morceaux à la patte bien réelle : jamais pleurnichards, encore moins démonstratifs, ce que l’on en retient avant tout, c’est la grande justesse qui les rend tout simplement beaux, leur tristesse intrinsèque et très nuancée s’insinuant en profondeur.
Des ombrageux Go Past ou Enter The Dark Side au très tenu Smile (version restaurée d’un vieux titre capté sur 4-pistes il y une vingtaine d’années), du plus exploratoire Exp au solaire Shoot Me final, pas un moment au-dessous des autres. On sent bien que la tracklist a fait l’objet d’un soin particulier, alternant passages dépouillés mais pas moins ombrageux (Lies) et moments plus renfrognés à la tension toute électrique (The Way You Show Your Love), de manière à préserver la grande sensibilité de l’ensemble tout du long.
Cela donne un album magnifique qui rompt quelque peu avec son visuel - une larve sur le bout de la langue - mais s’avère tout aussi saisissant.



Chroniques - 26.05.2019 par leoluce
 


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