Cody Yantis - Half Moon Field

1. Enjambment
2. Ecology
3. Accrete
4. Four Sources
5. Midland
6. Three Quarters
7. Sky Shape

2024 - Full Spectrum

Sortie le : 5 juillet 2024

Ambient sélénite et jazz satellitaire

On avait un peu perdu de vue l’Américain Cody Yantis depuis le très joli Possession de 2015, album d’ambient électro-acoustique opaque et crépusculaire aux textures mal dégrossies - ce qui en l’occurrence, avec un feeling aussi organique, est tout sauf un défaut - enregistré en trio avec l’excellent Jason Corder (offthesky) et un certain Carl Ritger dont on n’a pas encore eu l’occasion de creuser la discographie.

9 ans et une grosse demi-douzaine de long-formats plus tard, dont un avec René Margraff aka Pillowdiver, on retrouve donc le musicien originaire du Nouveau Mexique sur le label Full Spectrum d’Andrew Weathers, autre collaborateur ponctuel. Sans présumer de ce qui précède dans sa discographie, Half Moon Field dévoile d’emblée une instrumentation beaucoup plus saillante, flirtant par exemple avec le jazz contemporain sur Enjambment, où les sonorités suaves de la clarinette se mêlent aux accords bluesy d’une guitare saturée et à des crépitements percussifs des plus intrigants, avant de tempérer un drone néoclassique aux cordes et vents inquiétants par un clavier plus doux et onirique sur Ecology, puis de réduire la clarinette à un souffle cacochyme et atonal sur Accrete, évoquant la facette minimaliste d’un Jeremiah Cymerman voire pourquoi pas certaines compositions de Colin Stetson.

Néanmoins, la 2e partie d’album, entre field recordings pluvieux (Four Sources), orgue/synthés majestueux et hypnotiques aux arrangements impressionnistes (Midland), piano déstructuré tel un fantôme surgi du passé (Three Quarters) et vents dominés par des nappes magnétiques du plus bel effet (Sky Shape), renoue avec une dimension plus ambient et entêtante sans pour autant s’avérer véritablement hantée, continuant d’explorer une sorte d’entre-deux lunaire dont la face cachée attendrait patiemment son heure pour en troquer la poétique opalescence contre une lumière noire plus menaçante. Une noirceur qui semble guetter mais ne surgit jamais vraiment, rendant d’autant plus captivant ce disque somme toute assez inclassable d’un artiste que l’on suivra désormais de près.


( RabbitInYourHeadlights )


Disques - 16.07.2024 par RabbitInYourHeadlights