Electrelane + Tender Forever - Trabendo (Paris)
le 24/11/2007
Electrelane + Tender Forever - Trabendo (Paris)
C’est avec une étrange sensation, le cœur noué que je m’approche du Trabendo. Je ne suis assurément pas le seul. Je me rappelle comme bien d’autres les concerts précédents d’Electrelane qui ont été de bons moments passés en la compagnie de ces demoiselles. On se dit que ce concert sera peut-être le dernier car la récente annonce de la pause du groupe pour une période indéterminée pourrait être définitive. C’est vraiment une étrange sensation.
Arrivé à l’heure pile, la salle est déjà remplie. Sur scène, il y a déjà une demoiselle seule au piano qui interprète une chanson folk mélancolique. Ce premier morceau pourrait être émouvant mais à ce moment-là je n’ai pas envie de m’en imprégner. C’est sur le morceau suivant que l’Américaine Anni Rossi parvient à attirer mon intérêt. Elle réussit à chanter avec émotion en maniant son violon posé sur l’épaule avec originalité. Elle n’utilise pas d’archet, elle gratte et frotte les cordes avec ses simples doigts. Ses expérimentations musicales passent aussi par une rythmique simple et sèche quand elle se met à claquer ses bottes sur le sol. Sa prestation a été intéressante mais courte. Elle fera de nouveau une apparition au violon avec Electrelane plus tard dans la soirée.
C’est au tour de Tender Forever en vert de se présenter sur scène. Le groupe est en fait la seule Mélanie Valera qui joue et interprète ses chansons électro folk pop. Elle prévient dès le début qu’il y a quelques heures, elle n’avait plus de voix, qu’elle était malade et fatiguée mais qu’elle avait pris soin de prendre des remontants pour ce concert. Bien lui en a pris (on ne sait toujours pas ce qu’elle a pris), elle était vraiment en forme, pétillante et enthousiasmante. Dans ses délires comiques, elle jouait avec le fait qu’elle était seule et avait trouvéf le moyen de se faire accompagner d’un véritable groupe … mais projeté sur un écran. Elle discutait ainsi avec son « groupe », montrait ses photos de vacances (avec notamment les filles d’Electrelane dont elle a partagé la tournée américaine estivale), ses photos-montage avec Beyoncé, une de ses fans selon elle, et jouait également avec le public... Bref, son univers bricolo et bien ficelé était sympathique et agréable surtout quand elle prend son ukulélé ou sa guitare pour interpréter des reprises, c’est son propre karaoké comme elle dit. Au final, la Bordelaise a présenté son dernier album Wider avec manière. Elle a pu donner le sourire aux lèvres, même si elle a avoué qu’elle allait pleurer dans les loges pour son dernier concert avec les filles de Brighton.
Les filles d’Electrelane ne tardent pas à apparaître, elles installent rapidement leur matériel comme à leur habitude. L’attente n’est pas trop longue, les maîtresses de soirée reviennent sous les acclamations. En ouverture, ce sont les notes de piano de Bells qui retentissent et la pression monte rapidement au rythme d’une basse tendue et d’une batterie entêtante. La guitare décharge la tension, ce sont les spectateurs de la fosse qui commencent à exulter et se rapprocher par vagues de la scène. Les mêmes vagues que sur scène nous délivre Electrelane avec sa musique douce et tempétueuse toujours en mouvement. Durant les concerts du quatuor féminin, la tension descend pour mieux remonter comme sur Eight Steps, morceau qui résume à lui seul la musique du groupe et qui passe par tous les états comme sur des montagnes russes. Sur celui-ci, la guitariste Mia Clarke se délecte de ses petits bruits de manche caractéristiques, part dans ses propres expérimentations, s’allonge sur les enceintes pour y frotter sa guitare. Pendant ce temps-là, la batteuse Emma Gaze toujours souriante, assène une rythmique simple et répétitive capable d’accélérer à tout moment, soutenue par la basse efficace de Ros Murray. Les mélodies krautrock et progressives du groupe sont enveloppées de claviers vintage joués par la charismatique chanteuse Verity Susman. Son chant sensible et émouvant qui a pris une plus grande place sur le dernier album No Shouts No calls , se fond parfaitement dans les ambiances sombres et enivrantes d’Electrelane. Les autres filles se chargent des chœurs quand ce n’est pas le public qui les reprend comme sur Between the Wolf and the Dog. Les spectateurs sont d’ailleurs bien en jambes ce soir, et parfaitement en phase avec le groupe. On entend souvent entre les morceaux acclamés et applaudis chaleureusement les déclarations de soutien « we love you », « stay together », « don’t break » et j’en passe… Les demoiselles toujours aussi réservées et gênées de l’accueil réservé répondront par de simples remerciements et des sourires tout du long. Ravies, elles préfèrent jouer et faire simplement plaisir. Et cela, elles savent justement le faire en enflammant la salle avec leur dernier album, parfaite synthèse de la carrière du groupe. S’y ajoutent les classiques de Power Out qui reste toujours leur meilleur album à mon avis et que j’aurais voulu un peu plus présent ce soir, il suffit d’écouter le lancinant Birds sur lequel la chanteuse lâche les claviers pour sa guitare. La formation de Brighton intègre également des morceaux tirés de Axes comme le génial et expérimental Business or Otherwise, symbole de leur réelle indépendance et insoumission. Pour ce dernier concert riche en émotions, elles sont revenues sur scène pour deux rappels et une toute dernière fois avec une bouteille de champagne qu’elles ont offerte au public. Avec de simples remerciements, elles se sont éclipsées rapidement.
On ne sait ce que sera la suite du groupe, mais en tout cas, elles sont parties avec les honneurs. Il nous reste encore des souvenirs plein la tête et on espère en partager de nouveaux avec elles d’ici quelque temps. Au revoir !!
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