Cigarettes After Sex - X’s
Quel axe choisir pour parler de ce troisième album de Cigarettes After Sex ? Essayer de mettre en avant ses qualités pour convaincre ceux qui - majoritaires dans les couloirs de la rédaction - sont réfractaires ? Probablement inutile : ceux qui n’ont guère apprécié les ballades vaporeuses concoctées par la bande de Greg Gonzalez ont peu de chance d’avoir une épiphanie avec ce nouveau disque. Parler des (légères) évolutions de cet album ? Nombreux seront les rires étouffés de ceux qui considèrent que les Américains produisent toujours la même chanson. Ou alors, justement, regretter cette ambiance similaire d’un disque à l’autre ? Mais cela n’aurait que peu de sens tant Cigarettes After Sex n’a pas son pareil pour décliner la même formule en explorant au maximum les multiples nuances possibles.
1. X’s
2. Tejano Blue
3. Silver Sable
4. Hideaway
5. Holding you, Holding me
6. Dark Vacay
7. Baby Blue Movie
8. Hot
9. Dreams From Bunker Hill
10. Ambien Slide
Au diable l’arc narratif cohérent. Pour parler de X’s, il suffit peut-être de rapporter les propos du chanteur Greg Gonzalez qui voit en cet opus un disque "brutal". Vraiment ? La brutalité n’a rien d’évident, il est vrai, mais là où son prédécesseur, Cry, sorti en 2019, était teinté de la love story que vivait alors l’artiste, c’est cette fois la fin de cette histoire d’amour qui inspire X’s. Et sans se réjouir des déboires sentimentales de l’Américain, force est de constater que la douleur ajoute une profondeur indéniable à ses textes et compositions.
Alors, évidemment, l’effet de surprise est passé, et la claque du premier album homonyme ne sera sans doute jamais égalée. Certes, Dreams From Bunker Hill apparaît comme un titre mineur (bien qu’il soit sans doute supérieur à You’re the Only Good Thing in My Life et Hentai, morceaux les plus faibles de Cry, et même à Opera House, seul titre à mettre de côté sur le premier opus). Et, évidemment, Cigarettes After Sex n’entreprend pas de révolution, le "son" trouvé depuis l’EP I. de 2012 étant évidemment, plus que la pop bancale du Romans 13:9 partagé en toute discrétion l’année précédente, la voie à suivre.
Sur X’s, on trouve toujours ce son vaporeux et mélancolique mais quelques nuances apparaissent. Certains regretteront une basse plus en retrait - à l’exception du très minimaliste Hideaway et, on y reviendra, du titre final - mais l’ajout de synthétiseurs analogiques apporte une véritable profondeur. Mais surtout, c’est le chant de Greg Gonzalez qui évolue, ce dernier s’autorisant des backs envoûtantes et bienvenues sur le sommet Baby Blue Movie.
Grower en puissance, X’s surclasse son prédécesseur grâce à quelques titres au-dessus de la mêlée tels que - on les connaissait déjà - Tejano Blue et Dark Vacay, mais surtout l’étrangement énergique Holding You, Holding Me, un Silver Sable au refrain renversant et, atout majeur de ce disque, sa conclusion Ambien Slide sur lequel la basse ronde enlace de manière audacieuse la batterie avant que la voix ne vienne transformer l’essai et en décupler la majesté.
Certes, tout n’est pas parfait. Les détracteurs diront une nouvelle fois que c’est soporifique, et il est vrai que l’on écoutera plutôt ce disque au casque en regardant la pluie tomber qu’au milieu des dancefloors. Mais depuis quand, par ici, chronique-t-on des disques destinés à atteindre les sommets des charts ? Il est difficile de reprocher à Cigarettes After Sex son - relatif - succès tout en dénonçant le caractère asthénique de ses compositions ? Greg Gonzalez n’a rien fait pour avoir du succès, et ce dernier ne lui est pas monté à la tête. X’s est un album qui se hisse presque à la hauteur du premier disque du groupe. C’est énorme.
Une nouvelle décennie vient de débuter. Nous aurons bien le temps de revenir sur la précédente mais, dans la mesure du possible, faisons les choses dans l’ordre. Priorité au court terme. L’année musicale ayant été vécue avec un peu moins de passion qu’à l’accoutumée, ce top s’appuie essentiellement sur les compositions de valeurs sûres. Le temps permettra (...)
Deux ans après un premier album homonyme, Cigarettes After Sex récidive. Le terme n’est pas galvaudé puisque Cry ressemble en tout point à son prédécesseur. Est-ce pourtant problématique ? Non.
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