Le streaming du jour #1348 : The Scrap Dealers - ’After A Thousand Blows’

Sur After A Thousand Blows, The Scrap Dealers décident de gommer les contours de leurs morceaux pour les rendre plus flous. Une opacité salutaire leur conférant une chouette atmosphère.

De prime abord, on ne sait pas trop quoi penser dAfter A Thousand Blows. On se dit qu’on a déjà entendu ces morceaux psycho-shoegaze tout à la fois plombés et aériens un nombre incalculable de fois et qu’il leur manque l’essentiel pour s’extraire de la masse. Des mélodies, des crocs, des idées et que sais-je encore. À l’issue d’une écoute moribonde qui ne provoque pas grand chose, on sent pourtant poindre l’envie d’y revenir et toutes les suivantes dès lors ne feront que démentir la première. Car, des mélodies, des crocs et des idées, à bien y regarder, il y en a beaucoup même si on n’avait pas su tout de suite les distinguer. La faute sans doute aux contours flous qui cernent les morceaux et au gros grain qui recouvre leur ossature et rend la netteté difficile. Qu’il s’agisse de la voix, des chœurs, des riffs, tout semble noyé dans une masse grésillante qui participe pour beaucoup à l’atmosphère particulière qu’exhale le disque. Un souffle patraque habite la musique mais c’est toute sa dynamique qui passe au premier plan pour peu qu’on la détaille et qu’on aille voir en-dessous.

On pense à des Black Angels orphelins de leur drone machine ou à un The Oscillation toutefois moins délirant. C’est complètement psychédélique mais c’est aussi très pop, en particulier sur des morceaux comme I’ll Never Be Like You, She Doesn’t Wanna Leave Your Mind ou Keep My Silence Face, portés par des mélodies solaires et des chœurs enveloppants. Très efficaces mais toujours noyés sous un brouillard qui empêche la mise au point, les titres semblent venir de loin, d’un espace et d’un temps reculés qui nous feraient parvenir on ne sait trop comment leur empreinte. D’autant plus que la diversité habite le disque et que le versant pop n’est pas le seul convoqué, eu égard aux dix minutes plus charpentées et hypnotiques qui clôturent After A Thousand Blows ou à quelques incursions bien noise planquées ici et là. Il faut dire aussi que les Scrap Dealers n’en sont pas à leur coup d’essai et que le premier EP était typé punk/garage alors que le second explorait des rivages autrement plus enfumés. Celui-ci reprend tout cela mais injecte dans la mixture de grosses pincées fantomatiques héritées du shoegaze tout en gardant intactes ses fondations strictement psychédéliques.

Les morceaux sont alors plus longs, plus flous et The Scrap Dealers perd en netteté ce qu’il gagne, paradoxalement, en efficacité. After A Thousand Blows est leur disque le plus personnel et le plus accaparant, celui qui trouve l’équilibre entre influence et singularité et les extrait justement du tout-venant où on les avait trop tôt enfermés.


Streaming du jour - 20.02.2016 par leoluce
... et plus si affinités ...
The Scrap Dealers sur IRM