Dizraeli - Joy Machine
1. A Love for the Rain
2. Greek Summer
3. Wild Animus
4. Sunlight
5. Abigail
6. Dear Cousin
7. I See Ghosts
8. Blessed Love
9. Curiouser and Curiouser
Sortie le : 31 mai 2024
Naïvement, on pensait que le faramineux Reflections of Purple Sun des Polonais EABS avait plié le game en ce mois de mai en termes de jazz moderne et inclassable. C’était avant d’avoir posé une oreille sur le nouvel opus du trop rare Dizraeli, rappeur et multi-instrumentiste de Bristol croisé du côté du producteur virtuose Tom Caruana (notamment au sein du collectif de Brighton The Menagerie) ou encore outre-Atlantique sur un titre de l’excellent premier album d’Ockham’s Blazer, projet jazz/hip-hop du beatmaker canadien Fresh Kills et du MC ricain PremRock.
Le morceau en question ? Un certain Dirtbell avec lequel un titre comme Blessed Love ici nourrit quelques atomes crochus, entre groove abstract et cuivres de big band ludique et enfumé. À l’écoute de Joy Machine, formidable condensé de ce que le jazz peut revendiquer d’actuel avec une élégance sans faille, on pense aussi pas mal à Moor Mother, pour sa spiritualité mystique et ses courants de conscience tirant sur le free avec son groupe Irreversible Entanglements. Avec la participation d’Alabaster DePlume au saxo sur le superbe I See Ghosts, titre mi-tribal mi-méditatif aux manipulations électro fantasmagoriques, des bassistes Daisy George et Joe Downard ou du batteur Ben Brown (Waaju), entre autres, c’est portant bien la scène londonienne qui est à l’honneur sur ce disque et ça s’entend de diverses manières, tant via le midtempo acid jazz très cool de la coda de A Love for the Rain que sur un Greek Summer louvoyant entre pop et orchestrations psyché capiteuses à la Heliocentrics, ou sur les tendus et percussifs Wild Animus et Dear Cousin qui semblent devoir autant à la bass music qu’au grime ou à l’afrobeat.
Même les morceaux les plus ouvertement jazz - du syncopé Sunlight au très enlevé Curiouser and Curiouser en passant par l’introspectif Abigail au spoken word piano/batterie - ont toujours quelque chose de singulier à offrir, qu’il s’agisse des arrangements impressionnistes et narcotiques du premier, du maelstrom de lignes vocales droguées au milieu du second ou encore, pour le troisième, de ce crescendo discret mais puissant de basses fréquences et de synthés, transcendant une simple fugue en vertigineux vortex de spleen cinématographique.
Une belle claque !
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