Julie’s Haircut - Radiance Opposition

1. I Can See The Light
2.Unit Circle
3. The Earth Knows
4. Spring Moon
5. To The Sacred Mantle
6. Wounds
7. Extinction Of The Sun
8. 6 AM Carpet Candlelight

2025 - Superlove (EU)/Weird Beard (UK)

Sortie le : 28 novembre 2025

Julie’s Haircut

Radiance Opposition est quelque chose comme le dixième album de Julie’s Haircut, collectif transalpin à géométrie variable formé dans les 90s’ et aujourd’hui, sur ce nouvel opus, stabilisé autour de la chanteuse italo-nigériane Anna Bassy accompagnée des plus habituels Nicola Caleffi, Luca Giovanardi, Andrea Rovacchi, Andrea Scarfone et Ulisse Tramalloni. Et c’est peu dire que l’irruption d’Anna Bassy a quelque peu modifié la formule psyché des Italiens déjà bien mouvante.

Ici, c’est la langueur que l’on remarque en premier lieu, amalgamée à pas mal d’accents oniriques qui tapissent un parterre nébuleux. Pourtant, l’album se tient tout du long et n’a rien d’un ectoplasme sans substance sitôt-écouté-sitôt-oublié. Les morceaux prennent le temps de poser un climax qui se délite ensuite en digressions rêveuses mais très répétitives qui, souvent, aboutissent à une forme de transe mystérieuse. La voix d’Anna Bassy participe pour beaucoup à l’étrangeté du disque mais les lignes descendantes et les nappes ombrageuses de claviers ne sont pas en reste, au même titre que les autres instruments qui distribuent leurs interventions avec parcimonie pour un rendu discret, certes, mais surtout essentiel. C’est bien eux qui empêchent la musique du collectif de se transformer en gloubi-boulga patchoulisant insipide.

Et alors que les premières notes résonnent, c’est au moment même où l’on se dit qu’on n’a pas du tout envie de s’enquiller un disque vaguement trip-hopisant et complètement vain, le doigt s’apprêtant à rejoindre le bouton stop de la platine, qu’on se retrouve embringué dans un drôle de voyage. Julie’s Haircut ressemble souvent à une chorale de hippies hirsutes et flippés (quasiment tous les titres). Julie’s Haircut n’a pas peur de se lancer dans des solos intersidéraux sur fond de chœurs psalmodiques (Extinction Of The Sun). Julie’s Haircut aime aussi les fumigènes qui transpercent l’atmosphère et la polyrythmie (le très très chouette To The Sacred Mantle). Julie’s Haircut, enfin, parsème ses mantras de quelques lignes arachnéennes et vénéneuses qu’on ne s’attendait pas à trouver là (The Earth Knows, Spring Moon) et tout ça forme un Radiance Opposition tout à la fois ténu et ouvert. Bien sûr, c’est avant tout psyché mais le trip-hop s’insère harmonieusement dans l’équation et l’aspect kosmische rigidifie le tout pour un résultat au final bien singulier.

Du coup, on reste assez soufflé par la capacité du collectif à garder sa pertinence après plus de trente années et on garde le disque à proximité de la platine quand l’envie de de batifoler au milieu des nuages pour contempler l’orage se fait sentir.


( leoluce )


Disques - 20.12.2025 par leoluce