Christophe Bailleau : "Je voulais faire une série d’albums sans filtre"

Régulièrement plébiscité dans nos colonnes (son album Shooting Stars Can Last figure même dans la sélection des albums 2020-2024 de Rabbit), Christophe Bailleau est un artiste à part au sein du paysage expérimental européen. Cultivant une singularité qui le démarque de la concurrence, le Belge d’adoption a une nouvelle fois frappé fort avec le dernier volume de sa trilogie consacrée aux troubles du spectre autistique.
Insight and Vision, puisque c’est de lui qu’il s’agit, offre une conclusion spectaculaire à ce projet pharaonique entamé il y a maintenant presque deux ans. Parfois aride, souvent complexe (quoique l’intéressé lui-même réfute ce terme), ce nouvel album offre surtout un magnifique kaléidoscope musical aux nuances variées et à la longévité assurée par la multiplicité des approches qu’il permet. Et n’est-ce pas à cela que l’on reconnaît une grande œuvre, à sa capacité à durer et à fasciner au-delà d’un instant toujours plus rétréci par la frénésie de l’époque ? Christophe Bailleau a, en tout cas, accepté d’évoquer avec nous son dernier effort, point de départ à une conversation qui aborde, comme souvent, nombre d’autres sujets.
IRM : Salut Christophe. Insight and Vision vient de sortir en CD et digital sur le label bulgare Mahorka, c’est le dernier volet d’une trilogie démarrée avec CHUVA ORBITAL : Armadillo Time et poursuivie avec Vertical Moon Phase Charm. Ce corpus d’albums est consacré aux troubles du spectre autistique. Peux-tu nous en dire plus à ce propos ?
Christophe Bailleau : Étant moi-même Asperger, je voulais faire une série d’albums sans filtre, tels que je ressens les choses. Ayant des difficultés à exprimer mes émotions, et étant conscient que, souvent, l’on s’auto-censure, je voulais dans ces trois albums être le plus moi-même possible, avec mes contradictions : la violence intérieure qu’un autiste ou une personne ayant des dys peut ressentir face au monde actuel ; ambiance post-covid libérale... Ici, les morceaux sont sans fard, bruts, mais aussi ouverts à tout, francs et créatifs, intégrant une éthique et une ouverture d’esprit. Les personnes autistes ont le plus souvent des idées originales et uniques, et se foutent le plus souvent, quand ils s’assument, du regard d’autrui ; mais il leur manque parfois le sourire à l’autre, une place douce en société. L’art permet de se retrouver. La musique, l’art permet aux personnes taciturnes un autre contact social, elle permet de toucher les gens ; mais il ne s’agit pas nécessairement ici d’une musique facile, même si je ne calcule pas, et essaie d’être le plus spontané possible. Percevant le son en couleurs, je voulais ici que la musique ait des couleurs jaunes, noires, violettes ; je savais déjà quel album je voulais faire, il existait déjà avant de m’y mettre. L’être sensible est centré ; étant hyper stimulé par les processus sensoriels, je voulais que ma musique soit ici le reflet de ces hyper stimulus ; comme si les sons eux-mêmes étaient agressés. Disons que sur certains albums plus anciens, je camouflais sans doute ce à quoi j’aspirais : une musique sans fard et ludique, à la fois brutale et douce.
Cet album est assez hermétique au premier abord. Tu expliques toi-même dans les notes de pochette qu’il est le plus complexe que tu aies proposé jusqu’ici. Pourquoi avoir choisi de t’exprimer à travers ce prisme de la complexité ?
Ce n’est pas moi qui prétend qu’il est le plus complexe. Ce n’est d’ailleurs pas le plus complexe ; mais il semble, à la première écoute, abstrait, imperméable. Je voulais que l’on y entre petit à petit, que l’on ne le dompte pas directement ; mais en réalité il n’y a rien d’hermétique. Je fais la musique que j’aime, que j’aime faire au moment où je la fais, tout en ayant conscience de ce que j’ai déjà fait, pour m’en échapper, mais en écoutant le monde. Tu parles de prisme ; la musique est en effet diffractée, complexité oblige. Elle fait face à une grande ouverture au son ; il n’y a pas de hiérarchie entre les sons lo-fi et les sons hi-fi ; il y a une grande dynamique, et l’idée d’utiliser au final très peu de sons par morceaux est respectée. Je voulais que les sons soient hyper réalistes, qu’ils se suffisent à eux-mêmes dans certains passages ; qu’il n’y ait pas d’orchestration ; que cela soit plus proche de l’électroacoustique que de la symphonie ; le son pour le son ; mais avant tout, que cela fasse histoire. Car faire un album, c’est suivre une route, un film avec un début et une fin, une construction, une recette de cuisine avec des ingrédients parfois hétérogènes pour susciter la surprise. Ma musique n’est pas complexe, elle est diffractée. Les sons bruts diffractent les émotions et se décomposent dans les esprits, les corps.
Insight and Vision est un album dans lequel se percutent de très nombreux éléments, parfois de manière très brutale. On a parfois le sentiment d’écouter un kaléidoscope sonore où se reflètent aussi bien la musique classique que la scène électro nineties, le manga que l’âge d’or de la science-fiction ou Tex Avery. Tout cela donne l’impression de suivre le cours d’une pensée qui, tout en restant cohérente, semblerait assaillie par une multitude de sujets à la fois. Est-ce une construction délibérée de ta part ou est-ce ta manière de composer instinctivement ?
Tu as très bien senti ma musique ! Effectivement, c’est un kaléidoscope ou plutôt des fantômes de musiques populaires, décharnées, des indices, des rébus sonores peut-être. Je pense à dix mille choses en même temps, ma musique se doit de le refléter, en tout cas elle le fait dans ce cycle de trois albums. Mais tout peut changer, tout peut évoluer (les éléments de musique classique que tu évoques viennent de l’intervention de Julien Ash sur l’album). Mais le but n’est pas de faire une musique absconse. Malgré l’hétérogénéité, les ruptures (j’adore la musique de rupture, comme celle de Stockhausen, de Bernard Parmegiani), il y a une histoire, un récit, et surtout une unité de ton. Il m’est impossible d’être dans une pensée unique, univoque, tout comme il m’est impossible de ne me considérer que comme musicien ; je suis un artiste, plasticien, vidéaste, poète, musicien... et d’une certain manière je parle du monde, qui actuellement est déliquescent. Ma création est à la fois hautement instinctive car construite à partir d’improvisations, mais elle est délibérément réfléchie, et surtout, elle existe avant d’être composée, construite.
Parallèlement à cela, il y a une progression dans l’album : les premiers morceaux sont très rythmés, tout en ruptures ; à mesure que l’on avance, l’atmosphère se fait à la fois plus grave et plus paisible. Qu’y a-t-il à comprendre de cette construction ?
Cela commence comme une réaction violente à un choc, un trauma, puis il y a au milieu une phase de tristesse combinée à de la résignation ; puis à la fin, une ouverture au monde, une lueur... Une percée vers la nature... L’album est certes plus dynamique que les précédents mais aussi plus grave, oui. Il témoigne de la dureté de ce que l’on peut vivre actuellement dans le monde, une atmosphère sombre et rampante. Mais il témoigne aussi de son rejet.
On sent que ta musique est très conceptuelle, très réfléchie. Cependant, elle garde une dimension ludique et n’est pas dénuée d’humour, comme en attestent les titres donnés à certains morceaux comme Nawak 31, Ethno barbecue (AI ghost) ou encore Lapinoux sur le précédent album. Je me trompe ou il y a, chez toi, cette volonté de ne pas oublier de t’amuser dans ton processus de composition ?
Conceptuelle, je ne sais pas, mais réfléchie, certainement. Effectivement, le ludique (même dans les moments les plus graves) se ressent. Parfois même, on peut parler de musique gadget, de musique à surprises. Bien sûr que je dois m’amuser, surtout au moment de la conception ! Si je n’ai pas de plaisir, de fun, je n’ai pas envie de composer. Il y a donc l’humour à travers les titres (Lapinoux est un remix d’un track que j’avais fait pour Konejo), les constructions même, qui jouent sur les contrastes, les clins d’œil entre les morceaux, des sons "leitmotiv". Je joue avec les sonorités, comme je joue avec les mots quand j’écris. Le son se joue de nous, veut nous emmener quelque part, nous faire voyager malgré nous. L’aspect ludique est là malgré lui. Je veux dire : je ne peux m’empêcher de mettre des blagues sonores, des citations, des choses même incongrues. La musique trop sérieuse, mélancolique uniquement, me saoule très souvent. J’aime la musique qui se regarde, qui s’analyse, comme un film meta dans le film ; une musique qui à la fois analyse ce qui se fait mais aussi qui le critique, joue d’elle-même. Cela n’exclue pas l’émotion.
Est-ce dans cette perspective qu’il faut accueillir un morceau comme A bridge no way qui dure... deux secondes ?
Certainement, et ici la blague est explicite. En même temps, il s’agit vraiment d’un pont pratique entre deux morceaux, et je lui donne comme pour les autres morceaux (même s’il fait trois secondes), une importance, une existence. C’est ludique mais aussi poétique. Ce qui est ludique aussi, c’est que ce morceau a été composé par A Limb, un ami, et non par moi.
Puisque nous évoquons les titres de tes morceaux, beaucoup d’entre eux sont assez cryptiques (Veteran YY veterann, Sept et six + small pour ne citer qu’eux). Pourquoi choisir cette opacité ? Est-ce pour prolonger cet aspect ludique de ta musique ? Une forme de jeu de piste à destination de tes auditeurs et auditrices ?
Pour le titre Veteran YY veterann, c’est d’une part pour dire que les titres parfois ne sont pas si importants. En même temps, lorsque je l’ai écrit, j’avais en vision un match de foot de joueurs vétérans, en Bretagne, où j’ai passé mon adolescence. Je trouvais chaotique l’organisation de ces matchs du dimanche matin, un peu avinés, et conscient de cela, je me suis dit que ce titre irait bien à ce morceau qui, lui, est franchement chaotique. Mais là aussi, il y a une construction assez pop finalement (de la pop qui n’en a gardé que le squelette, une pop spectrale), avec un couplet, un refrain. Le non-sens a du sens. Il n’y a vraiment pas de volonté de "jeu de piste" ici (bien que cela pourrait arriver), je suis seulement un musicien libre, qui essaye de faire du bon taff... Mais pas une musique "autiste", car je pense que je veux qu’elle s’adresse à un auditeur (curieux). Mais je me rends compte qu’une certaine opacité ne rebute pas toujours les auditeurs, qu’elle est même parfois payante dans sa radicalité, ce qui est plutôt salutaire et ces trois albums de la trilogie "autisme" ont eu un bon accueil. Je remercie d’ailleurs au passage IRM, Ivo de Mahorka, Thierry Massard de Nocovision, Lotophagus, Transcultures, La Route du Rock et tous les autres pour le soutien qui me sort de mon intra isolement le plus souvent volontaire.
Creusons encore un peu cette multiplicité des facettes. Je crois savoir que tu fais preuve d’un éclectisme assez étonnant dans tes choix d’écoutes. Je me suis laissé dire, par exemple, que tu étais un grand fan de r’n’b. Qu’écoute Christophe Bailleau ?
Pour moi, cela ne me semble pas étonnant d’être éclectique, je trouve cela plutôt normal, mais ça me fait plaisir que tu l’évoques. Dans ce que j’écoute, il y a beaucoup de choses. Je ne fais au final que peu de hiérarchie entre ce qui est commercial et ce qui ne l’est pas. Pour moi, il y a des bons morceaux, originaux, dans beaucoup de styles de musique. Mais bien sûr, je suis le premier à défendre la musique underground et expérimentale. Mais il y a des trucs plus mainstream que j’adore comme Britney Spears (free Britney !), Fka Twigs (je trouve le dernier remarquable dans sa production), pas mal de choses dans le r’n’b (The Weeknd, Addison Rae, Clara La San) mais aussi des trucs plus rock comme Circuit des Yeux, beaucoup de chanson (Clarissa Connelly), Kate Bush, mais surtout beaucoup de femmes musiciennes, comme par exemple Julia Holter dont je suis inconditionnel. Cela représente plus de cinquante pour cent de ce que j’écoute, et ce n’est pas calculé. Je suis fan aussi de musique électroacoustique (Stockhausen, Ferrari, Parmegiani, pour ne situer que les plus connus), beaucoup de jeunes musiciens aussi, du doom metal, Stevie Wonder, du néo folk, Diatom Deli, Eartheater que j’admire - tout ce qu’elle fait me touche, Félicita, Zappa... L’écart est grand et c’est tant mieux. J’adore James Ferraro, Oneohtrix Point Never (avec qui j’ai fait un morceau au tout début de sa carrière), Ssaliva, julek ploski, Koeosame, Marina Herlop, Mick Karn. J’écoute aussi beaucoup de folk et de guitare : ML Buch, Robbie Basho, Art Garfunkel, même Elton John (celui du début, of course), les Stones Roses. Mais quand j’ai besoin des bases, je retourne inlassablement à mon groupe préféré, Coil, ainsi que sur Psychic TV et Wolf Eyes pour la noise plus récente. Les fondateurs de la musique industrielle, Throbbing Gristle, et Nurse With Wound, auxquels je voue un culte... Ma religion n’est pas dangereuse. Très peu de rap et de hip hop, très peu de musique classique sauf contemporaine, un peu de Yung Lean et en vrac : Pink Floyd, Tangerine Dream, Benoit Pioulard, The Body, Santana, Rihanna, Colin Stetson, Jim O’Rourke, Linda Perhacs, Holly Herndon, Jon Hassell, Mariée Sioux, Laurie Anderson, Gong, Faust, Cluster, le krautrock. Je n’aime pas les suiveurs. J’aime les singularités, mais pas besoin d’être pionnier. Je voulais ajouter qu’avant de me mettre à faire de la musique, à créer en général (je fais de la vidéo chaque jour), j’ai besoin de me nourrir comme beaucoup de gens : lire un livre, aller au cinéma, me balader en forêt. Et les nourritures doivent être variées et excitantes. Mal nourri, je fais de la merde (rires).
Depuis son apparition - et surtout sa démocratisation -, tu as souvent recours à l’intelligence artificielle pour tes visuels. Quelle place accordes-tu à l’image dans ton travail ? Plus généralement, quel regard portes-tu sur cette nouvelle technologie et ses multiples utilisations ?
Lorsque l’IA est apparue de manière plus démocratique, récemment (il y a deux, trois ans), cela a attisé ma curiosité et m’a amusé. Je me suis amusé de ses erreurs, de ce qu’elle faisait mal, des surprises que cela pouvait engendrer, comme avec le bouton random sur certains synthétiseurs qui permet de créer des sons immédiatement et à chaque fois différents. J’ai utilisé certaines images pour mes récentes pochettes, car cela reste aussi un témoignage d’un moment. Je ne l’utilise plus beaucoup. Pour l’exposition que j’ai réalisée en Corse l’an passé, il y avait mes images IA, ainsi qu’une vidéo qui en partie utilisait l’image artificielle. Je l’ai utilisée dans deux, trois morceaux, le jeu étant de deviner ce qui était "joué" et ce qui ne l’était pas ; mais cela m’a lassé, comme je pense que j’utiliserai de moins en moins ces images, qui au final se ressemblent toutes beaucoup ; mais j’étais content de ma recherche, j’étais arrivé à un type d’image qui semblait différent de ce que l’on pouvait souvent voir avec l’IA. Je n’ai pas peur de sa généralisation, mais les images (surtout en vidéo), au final, me font peur ; elles ne sont que des traces fantômes d’humanités, des monstruosités, quasi mortes, des rebuts humains ; et cela, au final, me terrorise. Et puis les outils ne sont pas encore assez permanents, ou plutôt pas assez créatifs. Cela va certainement changer ; mais je ne souhaite pas que l’IA remplace le cinéma par exemple, mais plutôt qu’il reste un outil. Cela peut aller de soit, encore faut-il bien l’utiliser, et avec parcimonie. Car comme pour tout outil, une majorité de gens l’utilisent de manière soit abusive, soit peu créative, sans recherche véritable. On se contente de peu. Moi j’aime par exemple le fait que, parfois, l’IA fasse les choses très mal. C’est assez poétique. Mais le plus souvent, c’est soit très laid, soit trop propre, sans aspérité. Mais c’est un outil qui peut, à certains égards, être fascinant. Mais je ne tiens pas à l’incorporer plus, en tout cas en musique, pour le moment en tout cas.
Laurie Anderson :
"Artificial intelligence is dismantling our world. As a tool, I love it, I also recognize it’s the "end of the world" kind of thing. It’s horrible." ["L’intelligence artificielle démantèle notre monde. En tant qu’outil, j’adore ça, mais je reconnaît aussi que c’est le genre de truc par lequel peut arriver la fin du monde. C’est horrible."]
Si tu es d’accord, j’aimerais que nous évoquions Philippe Franck, ton ami récemment décédé qui était également un soutien important dans ton travail...
Pas facile, car oui, je n’ai pas encore fait mon deuil, encore faut-il que j’y arrive, ou qu’il le faille. Philippe était un ami proche, mon mentor, un musicien avec qui je travaillais, mon producteur depuis plus de 25 ans, un être remarquable, très connu dans le milieu de la recherche sonore. Il produisait mes disques, mes vidéos, mes photos, mes créations radiophoniques, les plaçait dans des festivals, des galeries, des musées... Il avait organisé des festivals reconnus de par le monde, en Europe, et plus récemment en Corée, au Japon. Il va manquer à beaucoup d’artistes qu’il a aidés... Mais oui, difficile d’en parler pour le moment encore. La perte est immense et le milieu du son, de la recherche et de l’art a perdu un grand monsieur. Il était le créateur de Transcultures, association belge fameuse qui était reconnue dans le monde entier. Je dois complètement me réorganiser professionnellement et vivre avec la perte de cet ami cher, avec qui je faisais également de la musique (notre projet Pastoral qui va sortir un second CD chez Mahorka cette année). Je suis dévasté, perdu, depuis son décès, mais aussi habité de son empreinte, voulant garder la flamme qu’il a placée en nous, artistes qu’il appréciait, aidait et plaçait...
Tu es un artiste pluridisciplinaire ; récemment, tu as réalisé une installation avec Claire Ducène pour "Mons en lumières" 2025 intitulée Stream of Consciousness. Peux-tu nous raconter comment s’est passée cette collaboration ?
J’ai un master en arts plastiques de l’ERG, une école expérimentale de Bruxelles, en installation et vidéo. J’ai fait au début des années 2000 un certain nombre d’installations sonores et vidéo, de la photo, du dessin, de la radio, de la sculpture de sable... J’ai souvent navigué entre concerts et expositions, émissions radio, plus récemment l’écriture... Un troisième recueil de poésie sortira cette année. Je ne me sens pas actuellement plus musicien qu’autre chose. Je suis témoin du monde à ma manière, je témoigne en parallèle de mon monde. Récemment, Claire Ducène et moi avons fondé un collectif d’artistes (Ghostwriters), avec lequel nous avons crée un spectacle performance, édité un livre (photo et son), et plus récemment encore, nous avons conçu un spectacle mapping pour le festival "Mons en lumières" à Mons. Chacun se fait confiance dans ce que chacun sait faire le mieux et on avance. On a le projet d’un opéra minimal avec des musiciens classiques. Nous sommes aidés par la fédération Wallonie Bruxelles pour nos projets que nous voulons léchés mais poétiques. Claire a son univers visuel à elle, hanté.
Pour terminer, j’ai cru comprendre que tu travaillais déjà sur le successeur d’Insight & Vision. Peux-tu nous dire un peu en exclusivité à quoi il va ressembler ?
Je travaille actuellement sur l’album de Pastoral qui touche à sa fin. J’ai dû le finir seul depuis la mort de Philippe, mais avec ses recommandations et avec fidélité. Je travaille aussi sur un album folk et un album drone. Mais oui, il y a un successeur à Insight & Vision, une sorte de cousin de la trilogie, en plus technique et plus positif, plus apaisé, mais avec plein de surprises et d’invités. Il est encore tôt pour en parler, mais je le veux plus flamboyant, plus orchestré, plus féérique et à la fois plus commercial et plus expérimental ; utopique. Il faut surtout que je ne m’ennuie pas à le faire. Il est parfois dur de tourner la page sur certains aspects de soi (page qui de toute façon reverra son apparition d’elle-même). Les couleurs de cet album seront le brun, le blanc, le vert et le orange. Il est déjà là, dans ma tête, bientôt dans votre casque (rires). Je pense déjà à un futur album rock/r’n’b. Il y a encore tellement de choses à faire... Je veux au final que mes enfants grandissent dans un meilleur monde, quitte à essayer de créer le leur. Ma contribution au progrès est politique et artistique.
Merci pour ton temps.
En lien avec notre discussion au sujet de l’IA, ce passionnant article du regretté Philippe Franck paru sur le site de Transcultures : http://transcultures.be/2024/07/10/article-christophe-bailleau-pour-un-flirt-avec-lia-par-philippe-franck-turbulences-video-2/
Crédit photo : Dominique Lila.
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