Hania Rani - L’Antipode (Rennes)

le 17/11/2024

Diaporama © pour indierockmag.com

Hania Rani - L’Antipode (Rennes)

Ce dimanche soir, alors que la nuit rennaise tombait aussi vite que la température, Hania Rani poursuivait une tournée jamais réellement interrompue depuis mars 2023. Depuis, la Polonaise avait sorti le délicieux Ghosts en octobre de la même année puis Nostalgia, un album live dévoilé il y a quelques semaines.

Sans première partie, sans introduction, l’artiste se présente au public accompagnée d’un musicien qui alternera entre son synthétiseur Moog et sa contrebasse. Ensemble, ils entament un récital qu’il serait vain de détailler track-by-track, et dont il s’agit surtout d’essayer d’en retranscrire l’ambiance tout à fait singulière.


Scéniquement, déjà. Le contrebassiste se tient à droite de la scène, tandis qu’Hania Rani occupe tout l’espace. Elle s’affaire sur trois instruments, et change à chaque fois de position dans une forme de ballet qui constitue un parfait écho à la musique créée. Lorsqu’elle présente à l’assistance son profil droit, la Polonaise joue du piano à queue, et peut opter pour le piano droit lorsqu’elle se retourne.
Lorsqu’elle se place de dos, c’est aux claviers qu’elle officie dans une position qui pourrait être celle d’une enseignante tournant le dos à son public pour partager son savoir - ici un savoir-faire certain pour composer des odyssées allant du minimalisme à la luxuriance. Enfin, le jeu de lumières, extrêmement sobre puisque la salle est plongée dans pénombre, que viennent seulement rompre quelques spots de lumière dont les hauteurs différentes dégagent une atmosphère de procession funèbre, néanmoins jamais funeste.

Et musicalement, alors ? Comme évoqué précédemment, l’ambiance varie entre le dépouillement - lorsque la pianiste évolue seule sur son instrument de prédilection - et des moments de tension voire de forte intensité lorsque la contrebasse se mêle aux claviers, aux effets électroniques et à l’imparable voix de la Polonaise.


Au niveau des influences musicales, que l’on peut retrouver plus précisément sur cette chouette playlist concoctée par l’artiste, c’est là aussi le grand écart. Si l’on pense évidemment à Nils Frahm lors des passages néoclassiques et plus encore à Agnès Obel pour cette sensibilité piano-voix assez proche, Hania Rani décline cependant un univers suffisamment singulier pour que l’on pense autant à Radiohead époque Kid A/Amnesiac lorsqu’elle joue du piano à queue qu’à Sebastien Tellier aux détours d’un arpeggiator vintage, en passant par la Beth Gibbons de Out of Season voire Goldfrapp ou même Ben Lukas Boysen lors des crescendos électroniques.

Le grand écart, nous disions, mais en maintenant une cohérence redoutable. Passant d’un instrument à l’autre, Hania Rani joue également avec les différents micros pour varier les effets posés sur une voix tantôt magnifique de pureté et de justesse, tantôt utilisée comme un instrument électronique supplémentaire.

Pour être tout à fait honnête, un léger creux en milieu de set aura failli nous sortir du concert, mais avec une boîte à rythmes, quelques effets de voix et une intensité retrouvée, Hania Rani saura rapidement raviver la flamme et conclure avec deux titres - le dernier ayant été joué après un bref rappel - qui ne pourront que laisser le public sur un évident goût de revenez-y.


Déjà attentif au travail d’Hania Rani, la Polonaise a néanmoins gagné - au moins - un fan avec ce concert. Il s’agira désormais d’approfondir la connaissance d’une discographie parfois mystérieuse, si bien qu’il est difficile de retrouver la trace de certaines de ses productions anciennes, notamment ce morceau final dont elle n’a pas dévoilé le titre mais qui fut seulement présenté comme "un ancien morceau, parfait pour se dire au revoir". Pas évident de se dire au revoir après tant d’intensité, si bien que le point final de ce report n’est pas évident à poser tant il entraîne avec lui ce concert dans les limbes du passé.

Crédits photos : Antipode © Magali R.


( Elnorton )

 


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