Nos 12 vidéos du moment (#4)

Place aux images, même si cette nouvelle rubrique IRM n’est pas exactement vouée à se passer de mots. Elle nous donnera en effet l’occasion de nous pencher régulièrement sur des albums laissés de côté faute de temps ou des singles annonciateurs ou non de sorties attendues.



Pourquoi 3 minutes 20 de plans plus ou moins serrés sur Homeboy Sandman et rien d’autre pour ouvrir cette sélection ? Eh bien parce que Dusty est un grower d’indie rap décalé et que ça fait toujours plaisir de voir la bouille lumineuse du plus grand trublion du rap ricain depuis Edan, auquel il était justement associé l’an dernier pour le génial Humble Pi chez Stones Throw :




À l’occasion de ce clip d’une profondeur de champ vertigineuse qui la met en scène avec trois danseuses contemporaines dans des paysages islandais imposants, la charmante et talentueuse pianiste polonaise dévoile une influence que n’avait pas forcément laissé entrevoir l’excellent Esja au piano solo proche d’un Nils Frahm : celle de Radiohead, dont les harmonies et mélodies troublantes ont forcément inspiré ce vibrant F Major. Comme en atteste un autre extrait, Leaving, Hania Rani s’essaiera par ailleurs au chant et étoffera d’une section rythmique et d’arrangements électroniques certaines de ses compositions néo-classiques sur Home, son deuxième opus à paraître le mois prochain, autant dire qu’on a hâte !




On n’a pas encore eu l’occasion de tester pour vous le jeu vidéo Freedom Finger, shoot ’em up subversif aux commandes d’un vaisseau en forme de doigt d’honneur dont Aesop Rock vient de signer la BO, sous la forme d’un petit EP aux allures de mise en bouche pour un futur LP. Ce qui est certain c’est que le clip donne envie, et aussi d’en entendre plus de la part du rappeur ricain dont le précédent single Rogue Wave n’est pas inclus ici, étayant la thèse d’une sortie prochaine. Avec ses trémolos de guitare, ses beats heurtés et autres gimmicks hachés, Drums on the Wheel rappelle un peu les regrettés Abstrackt Keal Agram et tire son épingle du jeu d’une sortie qui entre versions instru et thèmes de 30 secondes laisse forcément quelque peu sur sa faim.




Le jeune producteur parisien Jimmy Whoo invite le piano impressionniste de Chilly Gonzales sur ce titre aussi gracile qu’évanescent, dont le clip capte les atmosphères scintillantes et nébuleuses de Los Angeles entre deux concerts outre-Atlantique. L’occasion pourquoi pas de se pencher sur son LP Basic Instinct de novembre dernier dont l’hédonisme épuré évoque ces moments de flottement de retour de club au petit matin, avec un joli soupçon de Pet Shop Boys période mélancolique :




Les habitués des lives parisiens reconnaîtront peut-être quelques têtes d’artistes et musiciens dans ce clip pour lequel Versari a mis son cercle d’amis à contribution. Des images fugitives, des corps flous, des corps nus... la beauté protéiforme de la sincérité de ces présences fidèles est également celle de la musique, plus noisy et dissonante qu’à l’accoutumée, le chant plus en retrait d’un noise rock habité dont on a hâte de découvrir la suite sur l’album Sous la peau qui sort dans quelques jours :




En dépit de son imagerie, pas le morceau le plus volcanique du premier album des Suédois de Barrens dont on vous touchait un mot par ici, mais entre les tempêtes de textures et la mystique mortifère de ses vidéos noir et blanc minutieusement glitchées, cet Atomos cinématographique à souhait fait son petit effet :




Idéalement sorti pour Pâques avec son clin d’œil à la cène, le nouveau clip de Rone est aussi naïvement coloré et féériquement décalé que le morceau qu’il illustre, mais si l’excédent de sucre à l’écran est évident, ce Ginkgo Biloba a le bon goût de ne jamais laisser son lyrisme désarmant verser dans le trop-plein. Prometteur pour l’album Room With A View prévu pour la fin de la semaine chez Infiné :




Comme souvent avec Four Tet, il n’y a guère de place pour les avis mitigés. Le Britannique fait partie de ces artistes qui clivent, et son dernier album devrait confirmer cette tendance. Positionné en deuxième place de Sixteen Oceans, Baby constitue un petit classique instantané d’IDM, porté par la voix rarement aussi inspirée d’Ellie Goulding. Répétitif à souhait et contemplatif, le charme du morceau est probablement décuplé par ce clip dirigé par Joanna Nordahl, qui nous précipite à bord d’un drone pour apprécier les merveilles de simplicité que constituent certains paysages de notre planète, des territoires arides aux arbres recouverts de neige, entre virées nocturnes en ville et contemplation de la mer, en passant par le vol d’un rapace... Il y en a décidément pour tous les goûts mais en cette période où l’horizon se limite au balcon des voisins d’en face, la (re)découverte des grands espaces constitue un véritable cadeau.




Impossible de mesurer à quel point cette période si particulière impactera la créativité des artistes que l’on apprécie. Pour sa part, Tom Jenkinson n’a pas perdu de temps puisque le clip de Detroit People Mover, titre issu de l’EP Lamental, laisse apparaître les rues et le métro de Detroit déserts, renforçant la mélancolie de ce morceau ambient épuré. Captées en mars dernier, peu après que le confinement ait été décrété dans la ville américaine, ces images contrastent avec celles de Terminal Slam dont le clip illustrait au contraire un bourdonnement humain à Tokyo.




À en juger par ses premiers extraits l’album s’annonce un peu plus (voire trop ?) trap mais cet hommage en vidéo aux comics et mangas d’ados joue plutôt dans la cour de son invité MF Doom avec une prod soul et old school à souhait, aussi irrésistible que les flows combinés des deux New-Yorkais :




On attend avec impatience la sortie de Lichaam, prochain album chez Xtraplex du Belge Analept, que l’on risque bientôt de ne plus pouvoir qualifier de "beatmaker" tant ce Driving All Night brille avant tout par sa superbe ambiance nocturne et synthétique aux rythmiques presque en retrait sur lesquelles plane élégamment l’ombre de Christ. (avec lequel le musicien s’était justement produit à Paris lors de la première édition de notre Sulfure Festival l’an dernier) et de son ancien groupe Boards of Canada. Nuit et futurisme, la vidéo est au diapason :




On parlait déjà de Barbara Panther dans le volet précédent, c’est dire si l’album Feminine découvert sur le tard par ici est tout sauf un feu de paille. Nouvelle preuve en vidéo écolo et contestataire aux images de révolution féministe et de retour à la nature, le morceau d’ouverture Memory Transformer (à visionner exclusivement ici) et son tropicalisme électro-pop qui part d’une citation tristement d’actualité du visionnaire George Orwell et fustige le patriarcat des leaders planétaires, mais avec un esprit d’espoir et de liberté qui réchauffe le cœur :

News - 22.04.2020 par Elnorton, RabbitInYourHeadlights
 

Voir la vidéo Jimmy Whoo - Blue Orange Green feat. Chilly Gonzales - YouTubeJimmy Whoo - Blue Orange Green feat. Chilly Gonzales - YouTube

IRM Podcasts - #21/ 2023 : le hip-hop foisonne dans les franges (par Rabbit)

2023 fut une fois de plus une grande année pour le hip-hop indé et underground, proportionnelle à son inanité et son innocuité toujours grandissantes dans le mainstream. On revient dans ce podcast sur une partie de ces réussites, avec tout de même quelques têtes de gondole mais une majorité d’artistes sous-médiatisés et souvent méconnus des amateurs du (...)