Fort de 15 albums avec son groupe Palo Alto - étrange mixture de krautrock aux instrumentations désuètes, d’avant-garde et de mélodies d’Europe de l’Est, entre autres - et d’une dizaine de sorties solo, le Français rompu à des formes musicales aussi diverses que l’opéra moderne, la bande-son de ballet ou de pièce de théâtre ou encore la mise en musique de textes littéraires ou poétiques, explore ces diverses influences avec ce nouveau double album à paraître dimanche chez Atypeek, qui nous en offre la primeur en streaming.
Guitare, cordes frottées réconciliant l’atonalité avec une charge émotionnelle insoupçonnée, cuivres free et spoken word poétique ont la part belle sur Wasteland, courte mais fascinante première partie construite autour des récitations de Susannah Rooke, croisée sur les Quatuors N°1, 2, 3 Et 4 Pour Cordes Et Bruitages Animaliers du même Frajerman en 2004 et déclamant ici avec autant d’élégance que de gravité des extraits de The Waste Land ("La Terre Vaine") de T.S. Eliot, évoquant parfois vocalement certains travaux tardifs de l’excellente Anne Clark (cf. l’intense et presque no wave Speak to Me) :
Quant à Lawrence of Arabia, qui démarre ci-dessus sur un Clock Bird baroque et hypnotique à souhait, quelque part entre BO de film italien des 70s et digressions latines à la guitare sèche, on y retrouve ce goût ludique pour les sonorités bontempi (Express, Choleoptia), entre influences teutonnes (Las Delicias, ou la très psyché reprise d’Amon Düül II Wie Der Wind Am Ende Einer Strasse tout orgue dehors), compositions contemporaines (le carrousel post-jazz Captain Nemo’death), divagations capiteuses (MélanColia) et même quelques très beaux éclats d’une beauté triste et épurée (le final Orient), le tout sans ordinateur ou outil technologique d’aucune sorte, le plaisir d’interpréter live avec 8 musiciens ces compositions tirées de divers projets et compilations sortis ces dernières années s’avérant évident :
Un univers assurément atypique et mélangeur, à découvrir !