Gari Pi - Unexpected Dig Pick

1. New Game
2. Meet
3. Love Reset (feat. pitched rap legend)
4. Please
5. Rest
6. Bomb Shelter
7. Raise (feat. pitched rap legend)
8. Don’t
9. Pay Back
10. Pyramid
11. Oxycodone (feat. pitched rap legend)
12. Hack 40
13. Paradise
14. Middle Age
15. Fate
16. Real (feat. pitched rap legend)
17. already sampled sorry
18. Burst
19. Mind (feat. pitched rap legends)
20. Crédits

2024 - Autoproduction

Sortie le : 1er mars 2024

Vous n’aurez pas sa liberté de sampler

Échappé du collectif Spice Programmers basé en Provence qui nous régale depuis fin 2022 de beat tapes rétro et décalées aux accents funky - un hip-hop instru aux samples baroques qui s’était ouvert l’an dernier sur le superbe Transatlantic Shit aux flows versatiles d’une palanquée de rappeurs et rappeuses underground d’outre-Atlantique, avec un résultat de haute volée évoquant de loin (et en plus mélangeur) le défunt projet Jazz Liberatorz -, Gari Pi, déjà responsable des deux-tiers des productions du susnommé, sort en ce début d’année son premier album solo et ne démérite pas, dans un joyeux télescopage d’influences jazzy, 80s et psyché.

D’emblée, l’autodérision du beatmaker fait mouche sur une intro référençant "Arrête-moi si tu peux" avec un double pied-de-nez aux dangers du sampling sauvage qui contribua pourtant à faire naître la culture hip-hop, et à cette tendance généralisée dans le genre aux albums d’une durée inférieure ou égale à la demi-heure, concision revendiquée sur cet Unexpected Dig Pick (les Anglophones se régaleront là-aussi du jeu de mots en forme d’ode au cratedigging) enchaînant une vingtaine de titres d’une minute trente en moyenne, à commencer par une série de morceaux très rétro/easy listening aux claviers hédonistes et aux samples vocaux suaves (Meet, Please, Don’t), puis plus jazzy façon library music aux irrésistibles sonorités kitsch (Rest, Raise).

Tirant les leçons de l’expérience du précédent opus, Gari Pi ose quelques incursions de "pitched rap legends" comme il les appelle, des acapellas 90s pitchés et recontextualisés comme sur le nouvel album de Shitao. On reconnaîtra notamment Del the Funky Homosapien sur l’orchestral Oxycodone, contrepied clair-obscur et downtempo aux connotations trip-hop à l’image de l’excellent instru Bomb Shelter, puis Jeru the Damaja à contretemps sur un Real dont le boom bap assume pleinement sa dimension lofi, ou encore les Jungle Brothers le temps du jazzy Mind dont le sample de piano ressuscite l’esprit pop des débuts de De La Soul, A Tribe Called Quest ou encore Naughty By Nature.

Pour le reste, c’est peut-être bien en milieu et en fin de disque que l’on entendra les plus belles choses : la pop baroque et flutée de Pay Back pas loin des collages 60s d’Edan sur Beauty and the Beat, le jazz cinématographique d’un Pyramid aux drums particulièrement organiques, un très smooth et cristallin Middle Age aussi barré qu’élégant, puis plus loin Fate avec ses choeurs doo-wop et ses arrangements acoustiques sur fond de beat massif et efficace, et enfin Burst et Crédits, climax féérique de ce précis libertaire et inventif de plunderphonics extravaganza.


( RabbitInYourHeadlights )


Disques - 07.03.2024 par RabbitInYourHeadlights