Papervehicle - Yellow House

1. saloon door
2. chalk billows
3. no mistakes
4. worry crow
5. sock talk
6. for the kids
7. tempus fugit
8. the horse in this movie
9. ten pound brain
10. crtl-s
11. letter to scott 8.8.11

2023 - Autoproduction

Sortie le : 12 janvier 2023

"Nageant dans le brouillard, on écoutera jusqu’à la nuit noire"

S’il y a un label que les amateurs d’indie rap lo-fi nourri à la folk et aux expérimentations électroniques ou noisy regrettent encore plus qu’un Anticon aux dernières années pas forcément folichonnes, c’est bien Decorative Stamp. Objet d’une interview dans nos pages il y a près de 12 ans déjà, la petite structure des Britanniques jamesreindeer et James P. Honey mettait malheureusement la clé sous la porte une paire d’années plus tard, laissant derrière elle une discographique plus que parfaite. Demeurent un collectif toujours aussi DIY, le VI . VI . VII (667, brassant espoir et renouveau par opposition au nombre de la bête), et évidemment de très beaux restes, citons dernièrement le fantastique et particulièrement abrasif Coma Worthy de Babelfishh ou encore l’an dernier le funeste EP Stag Pant co-signé par Dug Yuck avec jamesreindeer, qui nous prépare quant à lui pour bientôt un disque à 4 mains avec Babelfishh justement, autant dire que ça promet.

Tapis dans l’ombre de cette dernière sortie, outre Babelfishh (encore lui), réapparaissait Nic Dematteo aka Edison, membre des Papervehicle dont on n’avait plus entendu parler depuis plus de 10 ans. Teasing ou hasard du calendrier, c’est justement le quatuor formé en compagnie de Home, Mildew et Beastmaster qui nous revient de nulle part en ce début d’année, et avec une fois de plus en renfort Babelfishh, décidément sur tous les bons coups en ce moment, et le sus-nommé Dug Yuck. Une véritable petite troupe donc pour ce Yellow House qui ne reprend pas vraiment les choses là où leur disque inaugural réédité en 2011 par Decorative Stamp les avait laissées.

Exit en effet le rétrofuturisme, les contrepieds baroques, la dimension folktronica mêlant acoustique et rythmiques glitchées... le soupçon de légèreté aussi s’en est allé, notre période d’anxiété n’y étant probablement pas pour rien. Au lieu de ça, ce nouvel album choral adossé à une colline parsemé de tombeaux et survolée par les corbeaux s’avère d’emblée plus minimaliste, plus grave et posé, à la croisée de la ballade plombée dont les cordes de guitare sèche vibrent d’un spleen à demi-éteint (Worry Crow, crtl-s) et d’un spoken word habité sur fond de nappes ambient solennelles évoquant la fuite du temps (Tempus Fugit) ou l’absurdité d’une apocalypse médiatisée (Letter to Scott 8.8.11), de la comptine débranchée aux percus approximatives (The Horse in This Movie) et d’un boom bap décharné au sampling funeste (Sock Talk) et aux instrus secs et hantés (No Mistakes).

Et quand on y entend à nouveau un peu de douceur, elle est adressée aux enfants (For the Kids), dernière lueur d’espoir d’un monde au-delà de toute rédemption sur lequel se couche un soleil indifférent. Grand disque.


( RabbitInYourHeadlights )


Disques - 13.01.2023 par RabbitInYourHeadlights
 


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