The National - La Maroquinerie (Paris)

le 23/05/2007

The National - La Maroquinerie (Paris)

Les spectateurs privilégiés se rappellent encore ces deux soirées glaciales de décembre 2005 durant lesquelles ils s’étaient retrouvés à l’intérieur d’une péniche tanguant au gré des remous de la Seine et des chansons enivrantes de the National. A cette époque, le groupe New-Yorkais terminait sa tournée à la Guinguette Pirate, détendu et libéré dans une ambiance particulière, intime et chaleureuse. Pour ma part, c’est encore comme si c’était hier, un moment inoubliable …

Aujourd’hui, en ce mois de mai 2007, the National fait son retour et l’atmosphère semble différente. Après une journée cette fois chaude et étouffante, les spectateurs attendent avec impatience de rentrer dans la Maroquinerie, une salle bien plus grande que lors de leur dernier passage, et qui affiche complet depuis plusieurs jours. Le groupe vient cette fois défendre son tout dernier album Boxer qui est tout juste sorti la veille. Les spectateurs sont donc particulièrement impatients de découvrir les nouveaux morceaux, de surcroît sur scène. The National s’est réservé la soirée entière pour ce combat de gala. Il n’y a pas de première partie, ce qui n’est pas pour déplaire, l’attente en est bien moins longue.

Démarrant en douceur avec Start a War, une balade apaisée, suivie de Brainy plus intense et énergique, toutes les deux tirées du dernier album, le groupe laisse tranquillement les spectateurs s’imprégner de l’atmosphère ambiante. Les premiers titres font déjà bel effet, même si l’album est bien trop récent pour que les dernières compositions emportent complètement le public en ce début de concert. Par contre, les premières notes reconnues de Secret Meeting issu du remarquable précédent album Alligator , suscitent l’enthousiasme. Le concert est cette fois véritablement lancé avec ce premier coup gagnant. Le public retrouve enfin ses repères. Le chanteur Matt Berninger se lâche, il semble chanter comme si sa vie en dépendait. Suspendu à son micro, les spectateurs à ses lèvres, il dégage un charisme impressionnant, même s’il se montre assez discret et réservé entre les morceaux. En effet, sûrement intimidé et inquiet avec la sortie de ce nouvel album et cette tournée, il préfère les verres de vin blanc aux longs discours. Mais en tout cas, ce détachement ne se ressent aucunement quand il chante. Il faut le voir chanter avec une réelle et sincère émotion, tel un crooner romantique à l’image de Stuart A. Staples des Tindersticks, ou bien encore possédé et hanté à l’instar de Ian Curtis de Joy Division, cela vaut le coup.

Autour de lui, les cinq autres membres assurent leur répertoire avec justesse et concentration. Chacun reste à sa place et sait ce qu’il a à faire, tout est déjà bien rodé entre eux, sans vraiment de temps mort en ce début de tournée. Le batteur s’en sort très bien avec une frappe implacable sur les morceaux les plus énergiques : il tient par exemple, quasiment à lui tout seul l’imparable Squalor Victoria. Quant au multi-instrumentaliste Padma Newsome du groupe Clogs, dont on peut dire qu’il est maintenant une figure incontournable de the National, il se charge des parties de claviers et de violon avec brio, notamment sur the Geese of Beverly Road toujours aussi lumineuse. Ce soir, il a semblé tout de même plus en retrait n’osant se libérer complètement. Il lui manquait sa petite touche fantaisiste habituelle. C’est en fait à l’image de tout le groupe, qui à défaut de se laisser aller, a montré une parfaite et sérieuse maîtrise de son jeu scénique.

En face, l’accueil du public attentif et ravi a été des plus positifs, surprenant quelque peu le groupe qui ne semblait s’y attendre. Des titres comme Ada et Mistaken for Strangers issus du dernier album ont fait forte impression, mêlant tension et profonde mélancolie. Mais ce sont surtout les titres plus anciens bien connus du public qui ont été acclamés. Murder me Rachael, Baby we’ll be fine et surtout le rageur et énervé Mr November ont été les moments forts de cette soirée tout comme Daughters of the Soho Riots qui est bien l’une des chansons les plus belles et poignantes du groupe. En rappel, c’est un Abel déchaîné qui se charge de donner la dernière estocade suivie d’un Gospel pour se remettre de ses émotions.

Au final, cette soirée ne fera pas oublier les prestations précédentes, mais ce fut tout de même un combat de toute beauté qui laisse de grands espoirs pour les prochaines dates, une fois que la pression sera retombée et le groupe bien plus libéré et habitué à cet album qui se révèle déjà être l’un des meilleurs de cette année.


( darko )

 


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