Derrière cette très belle pochette en rouge et noir, sang et ombres, se cache la première collaboration entre l’increvable Canadien Aidan Baker (ici étonnamment au saxophone et non à la guitare) et le duo néerlandais Dead Neanderthals, soit Otto Kokke et René Aquarius respectivement aux synthétiseurs et à la batterie comme sur leurs derniers opus, et en particulier le récent Specters où le magnétisme hypnotique que l’on retrouve ici pointait déjà le bout de son nez... en légèrement plus véloce, quoique plutôt posé au regard des saillies entre grind et jazz-noise que l’on connaissait jusqu’ici au duo.

Car du haut de ses deux longs titres d’une grosse vingtaine de minutes chacun, Cast Down And Hunted prend son temps encore bien davantage, au rythme d’un Nadja plutôt que d’un Rat Licker disons, au point même de friser le faux-plat sur l’introductif Subterfuge, sorte de doom-ambient dystopique à la rythmique très clairsemée dont les radiations harmoniques synthés/sax finissent néanmoins par faire leur petit effet, à force d’insinuer dans le cortex la tension insidieuse de leur abstraction lancinante aux infimes variations de lumière noire.

C’est toutefois pour se 2e partie que l’album impressionne : le bien-nommé Paranoia grimpe encore d’un cran dans la stridence des nappes analogiques, et la batterie cette fois martèle les parois du cerveau tandis que le saxo prend davantage de liberté dissonante, faisant rapidement grimper l’anxiété. Une très belle tranche d’atmosphère intranquille pour les amateurs de minimalisme halluciné.