InHuM’AwZ : "Des sons lunaires sur des rythmes binaires"

Superamas de Galaxies, Coévolution, Bradypus : trois EP sortis en l’espace de trois semaines. A l’origine de cette "trilogie sans thème", InHuM’AwZ, duo techno (pour faire vite et réducteur) originaire d’une région lyonnaise décidément riche en talents. Et qui mieux que Paris Zombie, le passionnant label rennais (comme son nom ne l’indique pas), pour accueillir ce projet aussi libre qu’ambitieux ?

Car se plonger dans cette trilogie, c’est être propulsé au beau milieu d’un festival de musique sur la planète Pandora, la chimie du cerveau légèrement modifiée par quelque expédient pharmacologique d’origine extraterrestre, un exemplaire de Métal Hurlant roulé dans la poche arrière de son jean. Pour faire la lumière sur ce trio d’albums ovniesques en provenance des étoiles les plus lointaines de la galaxie, Stef & Ben ont accepté de répondre à nos questions.




- IRM : Cette trilogie d’EP est à ma connaissance votre première collaboration avec le label Paris Zombie. Pourquoi avoir choisi ce label ?

InHuM’AwZ : Paris Zombie est une seconde collaboration, Fab Wycz est très agréable et prometteur dans son projet Label. La première de nos collaborations est sur le Various Artists : Champagne For Zombies.

- Une question un peu bateau, mais qui me travaille quand même un peu. Pourquoi avoir choisi de publier trois EP d’affilée et pas un seul et unique album ? Surtout qu’il y a une vraie cohérence entre Superamas de Galaxies, Coévolution et Bradypus.

Nous avons créé ces trois EP séparément, sans nous douter que nous allions les présenter en même temps. Sans penser que Fab pouvait accrocher sur les trois EP en même temps... Au moment de produire, nous étions dans l’optique de travailler sans nous mettre de contrainte. Nous avons fait ce que nous voulions sans prendre en considération les besoins ou les envies d’un label.

- Justement, Fab de Paris Zombie, présente ces trois EP comme « une trilogie sans thème ». Pouvez-vous nous expliquer le concept ?

Nous avions entrevu avec Fab de travailler sur un projet après la sortie de la compilation Champagne For Zombies. J’avais travaillé sur des projets juste avant. Une approche différente, peut-être plus vieille école. Ce sont trois EP pour repousser mes propres limites, et les limites de mon setup à ce moment-là. Un moment un peu plus dur, qui a demandé plus de ressources physiques. Comme tu sais, mon corps est torturé de douleurs neuropathiques...

- Je sais que vous changez souvent de setup et que ça influe directement sur votre manière de composer. Quel a été celui de cette trilogie ?

Le changement de setup a une influence sur nos projets, quels synthés pour quel style, quelle drum machine sera la plus compatible, et surtout quel matériel pour avoir le moins de contraintes. Sur cette trilogie, nous nous retrouvons avec Stef sur une partie des synthés (Novation K-Station, Red Sound DarkStar). De mon coté je travaille plus les drums, et j’aime pousser les codes techno, break/IDM. Les groovebox utilisées sur cette trilogie sont une Roland MC-909, et une Yamaha RS-7000.

- Bradypus, qui donne son nom au troisième EP de la trilogie, est le nom scientifique du paresseux. Pouvez-vous nous expliquer l’histoire derrière le choix de ce titre ?

Longue histoire autour des noms de projets. Stef trouve souvent l’idée du concept. De mon côté, je vais chercher les noms savants, scientifiques ou tout ce qui s’en rapproche. Le Bradypus nous a tous deux très bien représentés sur cette trilogie. Un côté InHuMain et un côté pas rapide.

- Votre réponse pique ma curiosité. Pouvez-vous nous éclairer sur les deux autres titres des EP, Superamas de Galaxie et, surtout, Coévolution ?

Pour Superamas de Galaxies, nous sommes dans une période où tout évolue très vite. Des voyages se préparent, des vols spatiaux. Nous explorons de nouvelles galaxies avec notre musique. Coévolution, c’est une mutation entre deux espèces. Mélanger les genres. Mélanger des atomes... Des sons lunaires sur un rythme binaire...

- On frôle l’abstraction totale sur certains titres (et particulièrement sur le dernier opus). D’où vient cette volonté d’épurer le propos ?

Sur ce dernier opus, j’ai orienté les caisses plus techno, un univers que j’affectionne particulièrement depuis mes débuts. Stef m’a suivi en enregistrement libre et one shot sur des lignes de synthés bien dark et abstraites. Bien que je rappelle que nos premières productions avec Stef étaient de la techno, hardtechno.

- Sur le deuxième EP, on flirte même avec la noise via quelques synthés bruitistes. Ça me semble assez nouveau chez vous, non ?

Le noise et les synthés bruitistes sont une signature de Stef, que tu peux retrouver sur des projets comme chez Attenuation Circuit et First Earth Records. Elle a une empreinte que je ne saurais apporter et approcher.


- La rythmique est vraiment mise en avant sur toute la trilogie, avec des rythmes assez binaires, beaucoup plus techno que vos dernières productions. Pouvez-vous nous expliquer ce parti pris ?

Nous avons décidé à ce moment-là que nous allions nous focaliser sur des projets plus rythmés, un peu moins d’ambiance. Il nous fallait des projets dits "appuyés". Comme je te disais dans une question précédente, le rythme binaire orienté techno devait être mis en avant. Ça faisait longtemps que nous sortions des EP plus orientés downtempo et IDM, nous voulions revenir à nos premières amours.

- Malgré cela, on entend beaucoup de percussions. Vous en avez toujours utilisé mais c’est encore plus prégnant ici. Vous êtes dans une période batucada (rires) ?

Le retour des percus, c’est une autre très longue histoire, je ne suis pas un grand adepte de la percu. Stef et moi-même nous nous sommes dits que je devais en mettre plus. Je devais sortir de ce côté indus, d’où cette trilogie plus chantante de percussions.

- Côté artwork, vous avez choisi une esthétique très forte, proche de ce que propose Mœbius ou les Humanoïdes Associés pour cette trilogie. Quelle est la part d’influence de la bande dessinée dans votre musique ?

L’artwork a été produit par Fab Wycz, que nous remercions énormément (merci l’IA). Une approche Mœbius, qui nous correspond totalement, un coté InhuMain, qui nous fait côtoyer et cohabiter avec les Humains...

- Vous évoquez l’IA. Comment percevez-vous son arrivée, voire son apport dans les univers aussi bien graphiques que musicaux ?

L’intelligence artificielle est une bonne approche d’une nouvelle ère artistique. Je pense que ça va créer de nouveaux mouvements culturels.

- La thématique spatiale est récurrente dans votre œuvre, mais elle est ici centrale. Vous avez une vocation contrariée d’astrophysicien•ne•s ?

Nous sommes souvent dans les nuages, le fait de produire régulièrement. De triturer les sons et/ou formes sonores pour que ce soit harmonieux et audible.


- Pour finir, sur quels projets travaille Inhum’Awz ?

Nous travaillons actuellement sur de nouveaux projets, et surtout avec un setup complètement différent et nouveau pour nous deux. Nous avons plusieurs projets en vue : des collaborations, remixes dans les prochains mois. Et nous arriverons à des projets bien plus personnels pour septembre si tout se passe bien.

- Merci pour votre temps, les ami•e•s.

Nous te remercions pour ce reportage, pour ton amitié et ton travail.


Interviews - 02.05.2024 par Ben


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