La découverte récente, avec un an de retard, des superbes élégies de violoncelle manipulées de Celloscapes II avec une certaine Emma Caterinicchio à l’instrument (et quelques accents à la Philip Glass ici et là) nous a donné envie de nous replonger dans la discographie de Pete Swinton, sexagénaire hyperactif de l’underground ambient et expérimental. Un musicien particulièrement difficile à suivre et à circonscrire, mais jugez plutôt : pas moins d’une vingtaine de sorties déjà depuis janvier sur le Bandcamp de l’Anglais basé en Indonésie, dont certaines, avec leurs morceaux de 25 minutes, ne facilitent pas forcément l’écoute morcelée en fonction des plages de disponibilité.

Et pourtant, les pépites ne manquent pas, à commencer par le 4e volet de ses bien-nommés Cinematic Themes sur lequel on retrouve par moments par le biais des synthés le même genre de spleen texturé et majestueux entre deux titres plus caverneux ou déstructurés, le foisonnant Screwed Again entre électronique, ambient, field recordings et pur sound design, ou bien sûr le Music For Water Colours Vol. 1 aux intitulés austères et répétitifs qui nous occupe ici.

Loin d’être coupé à l’eau, le drone du stakhanoviste britannique y vibre de tout son magnétisme dense (WC1 One) et organique (le sismique WC1 Two), avec un minimalisme consommé dans les compos mais des nappes qui occupent tout l’espace, intérieur compris (WC1 Seven, transcendantal dans la plus grande simplicité). Flirtant tantôt avec une ambient psychédélique aux field recordings percussifs (WC1 Three), un futurisme microtonal aux harmonies scintillantes (WC1 Four), une intrigante electronica aux mélodies désagrégées (WC1 Five) ou une sorte de dub aux pulsations caverneuses (WC1 Six), la musique de Pete Swinton semble faire écho à autant d’humeurs que de textures et de couleurs, dans une forme d’abstraction étrangement reliée à nos connexions nerveuses. Un drone quantique façon théorie des cordes, si on veut, et qui en tout cas ne devrait pas laisser indifférents les amateurs du genre.