Loin des soirées de débauche qui ont rythmé l’aventure de Mohini Geisweiller au sein de la formation Sex In Dallas avant d’exploser en plein vol prématurément, l’ex-mannequin se construit petit à petit un nouveau cocon, berceau de sa nouvelle identité musicale, plus sage, plus réfléchie, plus intime. On a en outre pu découvrir l’année passée un premier jet de compositions, extrêmement prometteuses et propulsées au rang de stars de ce premier album solo. A la découverte d’Event Horizon, ceux qui auront succombé au charme redoutable du premier EP auront peut-être comme moi l’impression d’assister de prime abord à une baisse de forme, retrouvant chacune des perles déjà connues entourées de nouveautés en apparence moins éblouissantes. Mais ce qui peut être un premier ressenti laisse rapidement place à un autre constat.

Certes Milk Teeth ou Paris 2013 illuminent le disque, mais c’est en parcourant l’intégralité des tableaux dressés, traçant les contours d’un monde parallèle dans lequel Mohini semble vouloir se réfugier, que l’on pénètre dans son univers intime pour en ressentir plus profondément les aboutissants. Event Horizon se veut le fruit du dialogue s’exerçant entre la personnalité profonde de l’artiste et son ordinateur qui la suit un peu partout, à bord de trains qu’elle fréquente régulièrement dans l’espoir de trouver une source d’inspiration pour exprimer les émotions qui la cherchent.

Très minimalistes, les différentes compositions de l’album mettent en exergue la voix suave et légèrement feutrée de la chanteuse, pour la poser, ou plutôt la laisser flotter, sur des lignes synthétiques soyeuses dans lesquelles on se loverait volontiers.

A partir de là tout semble dit. Fort accueillant et enrobé d’une sauce électronique très homogène, Event Horizon se boit comme du petit lait, bien aidé par quelques morceaux auxquels on a finalement pris soin de s’attacher au fil des écoutes, comme l’introductif Raw Forms, ou dans un français qui lui va si bien Systole, Diastole et Donnemarie-Dontilly.

Dans des tons très bien sentis, la pochette de l’album illustre à la fois la genèse de celui-ci et reprend les couleurs d’un ciel bleu bardé de nuages cotonneux dans lequel on se sent irrémédiablement aspiré à l’écoute de ce disque.