Le streaming du jour #1290 : Ben Lee - ’A Mixtape From Ben Lee’

Certains projets prennent beaucoup de temps avant de voir le jour. A Mixtape From Ben Lee fait assurément partie de ceux-ci. Vieux serpent de mer, cet opus était attendu par les fans de l’Australien depuis 2008.

C’est en effet à cette époque que le natif de Sydney avait annoncé ce projet consistant à inviter un artiste différent sur chacun des titres. A l’époque, on évoquait notamment les présences de Zooey Deschannel, Sean Lennon, Mark Oliver Everett (Eels), Tim Wheeler (Ash) et Kylie Minogue.

Sept ans plus tard, les deux derniers noms évoqués n’apparaissent pas sur l’opus final. S’agit-il de rumeurs infondées ou d’un choix (bienvenu) devenu effectif au fil des années ? Qu’importe.

L’exercice consistant à multiplier les invités est toujours périlleux. L’unité d’ensemble en est nécessairement affectée. Pour autant, il constitue parfois une issue heureuse pour éviter tout ronronnement. Du ronronnement, il en était justement question sur les derniers opus du précoce Ben Lee.

Celui qui avait débuté sa carrière pied au plancher en 1995 - il n’avait alors que 16 ans - avec Grandpaw Would n’a en effet pas sorti d’opus majeur depuis Awake Is the New Sleep en 2005. Les quatre disques suivants, sans être des ratages complets, alternent les titres sympathiques et les passages soporifiques.

Une première décennie discographique aboutie, une seconde décevante, fin de l’histoire ? Que pouvions-nous, en effet, attendre de Ben Lee ? Pas grand chose, probablement, concernant ses travaux en solo. A ce titre, l’annonce d’un album intitulé Love Is the Great Rebellion qui devrait paraître dans le courant de l’année ne génère pas de sentiment d’impatience dans nos esprits.

Il en va autrement avec A Mixtape From Ben Lee. Certes, tout n’est pas parfait sur cet opus, et l’on regrettera l’apparition vocoderisée de Luke Steele sur un Hello Tomorrow qui arrive comme un cheveu sur la soupe. Il s’agit cependant de la seule entorse à une cohérence d’ensemble supérieure à ce que l’on aurait pu imaginer. La réussite est sans doute due au fait que Ben Lee compose seul les pistes instrumentales et réussit le délicat équilibre de les adapter aux qualités des invités tout en les maintenant dans son univers personnel.

On appréciera donc les quelques sommets que compte cet opus : de l’immédiateté britpop du Life As Unusual défendu par Ben Folds aux circonvolutions à la mùm du Love Won’t Let You Down final sur lequel on retrouve la voix de New Buffalo aka Sally Seltmann, en passant par la pop bariolée très 90’s de Static avec Nina Persson ou, forcément, la mélancolie langoureuse de Mark Oliver Everett sur Just Like Jerusalem.

En somme, Ben Lee a bien fait de déterrer ce projet de ses archives. Musicalement, la présence de nombreux invités permet de donner un second souffle à une carrière dont l’intérêt généré s’atténuait. Humainement, l’initiative est également à saluer puisque les bénéfices (l’album est en pay what you want à partir d’un euro sur Bandcamp) iront au projet Q’ero, du nom de la dernière civilisation inca vivante, et pour lequel l’Australien s’investit activement depuis deux ans déjà. Ou comment concilier bonne action et retour sur investissement en savourant un disque de qualité.


Streaming du jour - 03.04.2015 par Elnorton
... et plus si affinités ...
Ben Lee sur IRM