Maxime de Bollivier - No Rules for Monsters

1. la caravane passe
2. a l’aveugle
3. out
4. stup virage
5. awakening
6. fan de
7. brrrrrr
8. tigran tigran
9. la folie des grandeurs
10. essayons d’être heureux
11. departure
12. ruptures amoureuses
13. grrrrrr
14. on a qu’une vie
15. l’amour
16. no time for counting
17. il faut que je vous raconte
18. now what ?

2024 - Hymen Records

Sortie le : 22 avril 2024

Maxime de Bollivier lâche la bride aux chimères

Deux choix se présentaient à nous, après une paire d’écoutes de ce No Rules for Monsters, d’abord autoproduit en vinyle en 2022 sous un nom de projet éponyme par le photographe, vidéaste et musicien parisien Maxime de Bollivier (aka Awesome Express), puis réédité ces jours-ci sous son véritable patronyme par Hymen Records dans une version augmentée de 3 titres : attendre pour en parler d’avoir fait le tour de ce gargantuesque ovni, au risque de ne jamais passer à l’acte... ou nous lancer et battre le fer tant qu’il est chaud, bien conscients que nos quelques mots ne sauront rendre justice à ces 45 minutes étonnantes de gourmandise métamorphe dans le vaste champ des musiques électroniques contemporaines (de l’IDM au classical ambient en passant par la noise, pour résumer grossièrement).

Spécialisé dans les clichés de musiciens jazz et classiques, le Français a su capter dans sa musique quelque chose de cet improbable grand écart, parfois au sein d’un même morceau (d’emblée la caravane passe semble ainsi confronter onirisme délicat des pads et résonance massive des beats), en multipliant les contrepieds - du piano jazzy minimal et lofi de a l’aveugle à la techno-indus grouillante de out par exemple, puis du massif awakening au piano ambient trituré de fan de, ou encore, plus loin, des claviers délicats façon Fender Rhodes d’essayons d’être heureux au power electronics de departure - voire tout simplement par le biais d’une approche de la composition libérée de tout carcan, comme en témoigne entre autres tigran tigran, quelque part entre néo-classique, jazz, turntablisme et électro déstructurée. Les télescopages de drums belliqueux et de synthés distordus sont volontiers véhéments, flirtant avec l’emphase (brrrrrr, ruptures amoureuses), mais celle, décadente et mutante, d’un Tim Exile du premier album chez Warp par exemple, lorsque l’album ne va pas carrément fureter du côté du terrorisme technoise le plus décomplexé (grrrrrr, no time for counting).

Une référence aux grandes heures du séminal label britannique qui s’impose sur la durée, puisque l’on pense souvent à Plaid ou à Chris Clark (stup virage, l’amour) pour cette dynamique d’outre-rêve aux mélodies tortueuses et aux harmonies changeantes, mais sans jamais étouffer pour autant la belle singularité de ce disque aux contrastes puissants. Assurément l’une des plus belles surprises de ce début d’année pour les amateurs d’electronica aventureuse et spontanée, de celles qui savent quand il le faut mettre la raison en sommeil pour engendrer de bien jolis monstres.


( RabbitInYourHeadlights )


Disques - 20.04.2024 par RabbitInYourHeadlights