10 ans déjà que Sofy Major nous balance son noise rock brut et patibulaire caractéristique des 90’s. Un genre qui subit un regain d’intérêt ces dernières années avec le "retour" en forme de Unsane et des Melvins ou l’émergence de "petits jeunes" comme Big Business, Ken Mode, Whores, …
À cheval entre ces deux générations, un pied dans la nouvelle vague mais bénéficiant de ses 10 années d’expérience, Sofy Major nous offre avec Waste une galette riche, énergétique et parfaitement maîtrisée.

Preuve de la qualité indiscutable de la musique du trio, celui-ci se permet le luxe de s’offrir Dave Curran (Unsane, Pigs, Big Business) à la production et Andrew Schneider (Pigs, Julie Christmas, Unsane) au mixage. Une affaire de famille au regard de la nébuleuse qu’est devenu Solar Flare qui termine ainsi l’année aussi joliment qu’il l’avait commencée.

Seulement, avec Waste, nos discrets petits Clermontois montrent les crocs. Hargneux et tellurique, porté par une basse fulgurante, Waste écrase littéralement la concurrence … toute la concurrence. À grands coups de riffs crasseux, Waste alterne morceaux à l’énergie punk, véritables hymnes au chaos et à la désolation et monuments de fureur à peine contenue. Ce qui était déjà l’ordinaire du précédent à bien y regarder mais cette fois-ci Sofy Major enfonce le clou et réserve en plus son lot de mélodies qui tapissent le cortex et rendent ses fulgurances encore plus nocives. Une belle machine qui enfile les tubes tour à tour rampants (Slow Everywhere par exemple) et fuselés (Iron Butt et quelques autres), aussi à l’aise dans l’attaque frontale que l’approche larvée. Les enclaves purement dissonantes qui émaillaient Idolize ont presque disparu – sans doute l’absence de Sandy, l’ouragan taquin qui s’était invité lors de l’enregistrement de ce dernier à New-York – mais ont été remplacées par la mise en place d’un groove accrocheur et tellurique qui apporte beaucoup à la dynamique des morceaux. On ne dira pas que Sofy Major a franchi un pas décisif mais plutôt qu’il progresse d’une galette à l’autre. Sur Waste, il n’a jamais été aussi près de son point culminant.

Un disque dont la richesse peut se résumer à cette magnifique reprise de As Happy As des Thugs. Un groupe avec lequel Sofy Major partage une hargne farouche et le don des mélodies percutantes.