C’est seulement maintenant que l’on découvre ce projet instrumental du guitariste expérimental danois René Gonzàlez Schelbeck (Rodeo), et pour cause, Western Skies Motel, auteur d’une poignée d’EPs et d’albums sortis entre 2013 et 2016 dont un LP chez Lost Tribe Sound qui nous avait étrangement échappé (Settlers, hommage explicite à l’Amérique des pionniers), n’avait plus rien publié de neuf depuis 9 ans. Un grand merci donc au patron du label sus-nommé, l’excellent Ryan Keane dont le goût en matière d’ambient à dominante acoustique n’est plus à démontrer et qui nous a mis sur le voie de ce quatrième long-format particulièrement inspiré.

Se partageant entre guitare acoustique, piano, synthés et manipulations sur bandes, Schelbeck est ici épaulé à la batterie et aux percus sur quelques titres par son compatriote Jakob Høyer (collaborateur récurrent de Trentemøller), ainsi que par le violoniste Nils Gröndahl (Under Byen, Efterklang), le bassiste Jens Hein et même l’invitée de marque Julia Kent au violoncelle le temps d’un Nightfall contemplatif et onirique judicieusement positionné en milieu de disque. Sa musique y gagne ainsi une certaine ampleur dans les arrangements, même dans ses passages les plus primitivistes, tels que ce Road évoquant les étendues désertiques d’un Ry Cooder ou l’intense Caravan au background de textures vaporeuses, entre deux ballades plus minimalistes pas très éloignées des élégies acoustiques d’un Gustavo Santaolalla (Lullaby, Fragment).

Lorgnant tantôt sur un slowcore aux nappes entêtantes (Stranded), une ambient au réverbs éthérées (Psalm, Windswept, Coda) ou même un mix de drone metal et d’americana à la manière de Earth (All is Gone, Black Desert), l’univers du Danois s’avère en tout cas d’une belle richesse et donne envie d’en découvrir davantage de la part de ce projet aux soundscapes évocateurs.