Déjà auteur de huit albums - incluant une collaboration avec Mike Nigo - depuis le début de l’année 2017, Rhucle suit un rythme stakhanoviste. Particulièrement inspiré, celui qui vit à Tokyo excelle dans différents arts puisqu’en plus de la musique, la peinture, la photographie et les œuvres à partir de collages rythment son quotidien.

Sur Deep Consciousness, relayé par Monthly Tapes, le Japonais propose une demi-heure de digressions ambient tirant vers le drone. Si ces créations sonores sont résolument aquatiques, elles ne lorgnent pas vers les horizons océaniques mais évoquent plutôt une atmosphère lacustre qui fait écho à l’illustration graphique de l’objet. Deep Consciousness est un disque complet, qui sublime le seul domaine musical et doit être appréhendé à un niveau macroscopique.

Clairement, cette ambient ne roule pas des mécaniques. A la démonstration, le Japonais préfère la suggestion et cette obscurité céleste et vaporeuse rappelle ces territoires nippons isolés qui, sans aller jusqu’aux excès des pratiques qui ont cours dans la forêt d’Aokigahara, sont empreints d’une forme de désolation manifeste.

Aux grands espaces, l’artiste préfère l’étroitesse et malgré un évident minimalisme, les nappes donnent le sentiment de percuter perpétuellement d’invisibles murs sur lesquels elles ricochent tels les cailloux qui bondissent à la surface de l’eau.

Là encore, la pochette de l’album, mêlant un plan d’eau recouvert de plancton au premier plan pour laisser deviner au loin, derrière de sombres et imposants arbres, l’émergence d’une vie plus urbaine, permet à l’auditeur d’aller plus loin dans son imaginaire. Avec cette œuvre désolée et stimulante à souhait, Rhucle étoffe sa discographie avec ce qui semble être l’un de ses plus passionnants chapitres.