On reviendra probablement sur l’excellent premier album de Loud As Giants, collaboration du Belge Dirk Serries (Fear Falls Burning, Vidna Obmana, Continuum, etc) avec le Britannique Justin K. Broderick (Jesu, Godflesh, Final, Techno Animal, JK Flesh, etc), entérinant plusieurs décennies à se côtoyer sur scène ou par remixes interposés sans jamais véritablement sauter le pas, chose finalement faite avec ces 5 longues progressions en flux tendu à la croisée du drone, de la musique industrielle et du post-rock.

Aujourd’hui toutefois, c’est à un autre projet du touche-à-tout d’Anvers que l’on s’intéresse, pas forcément plus atypique d’ailleurs tant ce pionnier du dark ambient versant indus lorgne depuis longtemps sur le jazz, l’improv et assimilés. Impetus Group, collectif à géométrie variable qui jusqu’ici ne s’était illustré que sur scène, le voit ainsi s’associer à tout un ensemble d’improvisateurs, à commencer par sa compagne pianiste Martina Verhoeven et le saxophoniste Colin Webster avec lequel le couple collabore souvent, mais également un certain Tom Jackson à la clarinette et la batteur jazz belge Teun Verbruggen, compagnon d’armes notamment de Keiji Haino, Arve Henriksen, Stian Westerhus ou Trevor Dunn, autant vous dire que ça ne plaisante pas.

Il faudra de fait avoir les oreilles et le coeur bien accrochés pour trouver son équilibre sur les montagnes russes free jazz du quintette, Density Dots excellant dans l’épilepsie et le chaos organisé, une apparente cacophonie où les babillages du saxo et les stridences de la clarinette semblent vouloir percer le déluge des accords de piano dissonants et d’une batterie en roue libre (Subfield, Inflow), entre deux courtes accalmies plus épurées aux discordances inquiétantes. Quant à Dirk Serries, il y injecte des saillies plus ou moins remarquées à la guitare électrique, ici élément parmi d’autres de ce déferlement anxieux et malaisant (Linguistic Fortune, Swampy), ailleurs à l’origine d’une dynamique particulièrement déglinguée (Unitary Mark, Region Mash), initiant les premières flammèches de ce brasier autoentretenu dont le ballet faussement désordonné pourrait nous fasciner des heures. Nul doute qu’Aristote aurait apprécié !