Sonic Youth + Dinosaur Jr - Le Zénith (Paris)

le 13/12/2006

Sonic Youth + Dinosaur Jr - Le Zénith (Paris)

Retour presque 15 ans en arrière au Zénith. Nostalgie, nostalgie… Je me rappelle encore écouter à l’époque, chez un pote qui était fan une cassette compilation de Dinosaur Jr, en pleine période grunge. Et voilà ce soir, je peux les voir devant moi. De vagues souvenirs me remontent en mémoire face à cette avalanche sonore. Car oui, il faut le dire, Dinosaur Jr joue fort, très fort même, mes oreilles ont résonné longtemps après une demi-heure passée en la compagnie du groupe. Le son est crade et mauvais mais je pense que pour une fois dans cette salle, c’est voulu par le groupe. En tout cas, ça en valait la peine, le groupe dans sa formation d’origine joue pour la première fois en France. Le trio semble prendre plaisir, du moins le génial bassiste Lou Barlow (qui a largement réussi et montré son talent avec Sebadoh ou Folk Implosion, des projets qui d’ailleurs aujourd’hui me touchent plus …) et Murph le batteur au crane rasé, qui sont tous les deux souriants et qui s’en donnent à cœur joie. En ce qui concerne le chanteur Jay Mascis impossible de voir son visage caché derrière ses longs cheveux, même si celui-ci remue la tête tout du long du concert. Devant un mur d’amplis, il reste concentré, et assure des soli noisy à rallonge et des vagues de sons saturés aux multiples effets, impressionnants. Les spectateurs reconnaissent plus ou moins les airs mais de toute façon c’est le plaisir de se retrouver des années en arrière qui compte. En guise de cadeau et pour s’échauffer avant Sonic Youth, Lee Ranaldo viendra même à cette occasion prêter main forte pour un titre. Le public est maintenant bien échauffé, le groupe phare de la soirée peut monter sur scène….

Et Sonic Youth commence fort avec Candle, classique de Daydream Nation reconnaissable dés les premières notes et sa géniale montée en puissance. Rien de tel pour mettre les spectateurs rapidement dans l’ambiance. Cela s’enchaîne avec le remarquable Reena, morceau d’ouverture du dernier album Rather Ripped . Dans une robe argentée, Kim Gordon toujours aussi ravissante et rayonnante, se met à tournoyer dans des danses psychédéliques quand elle ne nous envoûte pas par son chant. Avec un Incinerate incandescent, c’est cette fois, le guitariste chanteur Thurston Moore qui se met en avant, Kim Gordon ayant repris sa basse. En fait, les deux vont alterner au chant pour notre plus grand bonheur. A leur côté, Lee Ranaldo à la guitare, Steve Shelley à la batterie assurent tout aussi efficacement avec sobriété. L’électron libre et inspiré Jim O’Rourke n’étant plus présent, Sonic Youth s’est adjoint les services d’un cinquième membre pour cette tournée, et il s’agit en fait de Mark Ibold l’ancien bassiste de Pavement. Vraiment que du beau monde ce soir-là. Et l’on peut dire que Mark Ibold a été convaincant en tenant parfaitement et sagement son rôle.
Un début de concert remarquable mais ce n’est rien quand 100% unique représentant de Dirty , électrise la salle en plein milieu du set. Il faut dire que le groupe a comme à son habitude, très peu pioché dans son immense discographie, préférant jouer principalement son dernier album. Mais en fait, c’est ce que je craignais un peu, cet album malgré de très bons titres reste trop « calme » en concert par rapport au reste de leur répertoire. Le groupe semble légèrement jouer en pilotage automatique, peu d’incursion dans des territoires improvisés et expérimentaux, préférant simplement tout contrôler. Le précédent album, absent ce soir-là, avait bien plus impressionné sur scène, la dernière fois que je les avais vus.
Tout de même, ne boudons pas notre plaisir, Sonic Youth a véritablement et indéniablement la classe et reste toujours capable de nous transporter par ses mélodies noisy-pop inégalables et c’est toujours un bonheur de les voir et les entendre. Il faut le vivre au moins une fois, surtout quand le groupe joue en rappel un Teenage Riot qui n’a pas pris la moindre ride et qui enthousiasme évidemment la salle entière. Après ce morceau, le groupe part même dans des délires sonores toujours aussi géniaux et attendus. Le son était même de très bonne facture pour cette salle, d’un niveau bien plus correct que celui de leurs camarades précédents. Shaking hell assène le coup fatal surprenant le public qui ne pensait pas que ce serait le dernier.

La magie sur une heure et demie en comptant deux rappels, a évidemment fait son effet pour au final, un moment toujours appréciable. Nombre de spectateurs en attendaient un peu plus, mais en fait ils voulaient sûrement entendre plus d’anciens titres puisque le ton de cette soirée était placé sous le signe de la nostalgie...


( darko )

 


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