Si A Chorus Of Storytellers semble d’abord s’inscrire dans la parfaite continuité d’ Into The Blue Again avec son alternance de plages instrumentales et de morceaux plus accrocheurs laissant la part belle au chant toujours un brin rigide de Jimmy LaValle, ce cinquième opus du californien (et troisième chez Sub Pop) se révèle rapidement bien au-delà de la simple redite : plus en profondeur et en spontanéité que son prédécesseur parfois un peu trop léché et désincarné sous l’influence du producteur Joshua Eustis (Telefon Tel Aviv), plus rythmique que ses deux premières réalisations perdues entre électronica stratosphérique, guitares méditatives et field recordings qui l’avaient conduit après plusieurs tournées communes à enregistrer la troisième dans les studios de Sigur Rós avec la participation du groupe au grand complet y compris Jónsi au chant sur un morceau, on navigue idéalement ici entre post-rock orchestral et électronica contemplative, instrumentaux au lyrisme mesuré et morceaux chantés à la dimension plus pop sans jamais se départir pour autant d’une production incroyablement naturelle et détaillée.

Mixé comme les deux précédents par l’ingénieur du son attitré du groupe islandais Birgir Jón "Biggi" Birgisson dans le même Sundlaugin Studio - la fameuse piscine aménagée pour l’enregistrement de ( )  -, l’album permet ainsi à The Album Leaf, pour la première fois groupe à part entière sur tout un enregistrement, de renouer avec le parfait compromis d’ In A Safe Place, retenant des débuts les nappes ambient éthérées et d’ Into The Blue Again les beats millimétrés, mais avec l’aboutissement de compositions spirituelles et généreuses transcendées par une dynamique inédite et des arrangements de cordes ou de claviers plus amples et vibrants que jamais. Merveilleux, tout simplement.