Le streaming du jour #314 : Dirty Three - ’Toward the Low Sun’

Le violoniste Warren Ellis parti composer des BO de westerns et autres road movies avec son compère Nick Cave, le batteur Jim White croisé au côté de Nina Nastasia le temps d’un grand disque aride et habité entre deux collaborations plus délicates avec Cat Power ou PJ Harvey, le guitariste Mick Turner accaparé par sa peinture... qu’allait donc bien pouvoir donner ce retour aux affaires des Australiens sept ans après le gargantuesque Cinder, inhabituel à l’époque avec ses morceaux plus concis et ses incursions chantées (par Cat Power notamment) ?

Eh bien du Dirty Three pur jus, qui reprend les choses là où She Has No Strings Apollo les avait laissées en 2003 tout en revenant au jeu plus agressif des premiers albums mais sans la stridence, renouant dans un format de morceaux plus resserré avec tous les ingrédients du groupe au fil d’une succession d’histoires sans paroles : d’abord déferlantes chaotiques de souvenirs désorganisés (Furnace Skies, puis Sometimes I Forget You’ve Gone d’où émergent tout de même les accords nostalgiques d’un piano poussiéreux) puis complaintes cinématiques où le spleen lancinant du violon d’Ellis mène le bal, tiraillé par les sautes d’humeur de la batterie de White mais consolé dans le même temps par la guitare feutrée de Turner (qui se lâchera tout de même un peu plus sur l’électrisant That Was Was).

Soit plus vraiment de la country, pas non plus tout à fait du post-rock, mais cette espèce de "western chamber music" à nulle autre pareille, dont le lyrisme un brin torturé mais paradoxalement chaleureux semble hésiter entre énergie du désespoir et abandon au gré du courant inexorable des émotions et des regrets. Magnifique.

En écoute via NPR d’ici sa sortie physique lundi chez Bella Union (l’album étant disponible depuis hier en digital).


Streaming du jour - 25.02.2012 par RabbitInYourHeadlights
... et plus si affinités ...
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