Ghostface Killah (w/ Adrian Younge) - Twelve Reasons To Die

Ça y est, le grand jour est arrivé, on peut enfin écouter Twelve Reasons To Die  ! NPR vient de balancer le streaming complet du dernier projet de Ghostface Killah épaulé par Adrian Younge et allons-y, le résultat est immense !

1. Beware Of The Stare
2. Rise Of The Black Suits
3. I Declare War
4. Blood On The Cobblestones
5. The Center Of Attraction
6. Enemies All Around Me
7. An Unexpected Call (The Set Up)
8. The Rise Of The Ghostface Killah
9. The Catastrophe
10. Murder Spree
11. The Sure Shot (Parts One & Two)
12. 12 Reasons To Die

date de sortie : 16-04-2013 Label : Soul Temple

Un résultat immense, dense, passionnant, mais déroutant et inhabituel, un résultat qui en surprendra certainement plus d’un... Car oui, le projet était bel et bien casse-gueule, mettre en musique et en rimes la vie sanglante de Tony Starks aka Ghostface Killah, un tueur à gages à la solde d’un clan mafieux tombant forcément amoureux de la fille du Parrain. Dessoudé par ses anciens employeurs, ses restes sont dispersés dans une presse à vinyles (sic !) et revenu du royaume des morts, son fantôme revient se venger de ses tortionnaires. Une tragédie antique empreinte de fatalisme et de vengeance, un mélodrame complexe à la fois passéiste sur le fond et avant-gardiste dans la forme, et chose rare dans le hip-hop, un vrai concept album avec une réelle continuité entre chacune des pistes.

Ghostface Killah a aussi pris des risques en enregistrant live, insufflant une ambiance fragile à la cinématique lente et torturée toute en progression et en paliers, avec des sons chauds et presque aucun travail de turntablism. Ghostface Killah et Adrian Younge ont ainsi réalisé la musique d’un film qui n’existe pas, une musique sur le fil du rasoir entre noirceur géniale et série Z, entre Tarantino et Kinavesa Enterprises, entre Morricone et Ortolani.


En choisissant un format court, 40 minutes comme un moyen-métrage, Ghostface Killah et Adrian Younge ont évité les redondances, la longueur est parfaite tout comme la juxtaposition des morceaux. Ainsi les trois premiers titres sont un lent crescendo depuis Beware Of The Stare symbolisant un générique filmique vers un I Declare War en point d’orge avec un énorme featuring de Masta Killa. Le film a commencé, le rythme s’emballe avec Blood On The Cobblestones (avec U-God et Inspectah Deck) et nous prépare à The Center Of Attraction, pièce superbement tendue avec Cappadonna en master preacher. L’enchaînement est parfait avec Enemies All Around Me qu’on connaissait déjà, cette piste nous amène vers An Unexpected Call (The Set Up), là aussi le tempo lent et la richesse des orchestrations d’Adrian Younge et de ses Venice Dawn sont saisissants !

The Rise Of The Ghostface Killah ressuscite le temps d’une punchline le fantôme du Ol’Dirty Bastard de Da Mystery Of Chessboxin’, The Catastrophe quant à elle réinvente avec morgue le hip-hop à tiroirs.



Autre chose frappante sur Twelve Reasons To Die, c’est le flow de Ghostface Killah, moins rageur qu’à l’accoutumée, il parait hyper-concentré sur ses lyrics de haute précision, la hargne est mise de côté et c’est la volonté de nous raconter une histoire qui est mise en avant. Ainsi ce sont la fin de l’histoire et la fin de l’album qui seront les plus sanglantes. Murder Spree, titre le plus vindicatif de l’album et surtout The Sure Shot (Parts 1 & 2), un autre sommet du LP. Enfin Twelve Reasons To Die finit par un morceau éponyme, sorte d’outro ou de générique de fin. Écran noir. Le film est fini.



Ghostface Killah vient de frapper fort avec Twelve Reasons To Die, un album en passe, je pense, de devenir culte, un album avec forcément ses détracteurs et ses adorateurs, mais surtout un album adulte fait d’un hip-hop intelligent et intelligible, un hip-hop qui nous raconte des histoires, nous fait rêver et communier avec l’artiste. Je me le reverrais bien une seconde fois ce film...



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