Sans un combat. Il faut pourtant jouer des épaules pour se frayer un chemin sur une scène rock dont on se demande parfois si elle n’admet pas davantage de suiveurs que d’artistes aussi authentiques que passionnés par les territoires qu’ils défrichent.

Malgré une évidente accessibilité que certains puristes, de manière hâtive, jugeront peut-être rédhibitoire, Fragile appartient incontestablement à cette seconde catégorie. Certes, Without A Fight n’est pas un disque parfait, et il concède d’ailleurs une paire de titres plus dispensables, voire trop légers, Un Par Un et son piano binaire en tête. La voix de David Dupuy peut parfois emprunter, de manière trop évidente, quelques tics à Bertrand Cantat. L’ancrage du duo à Bordeaux tend d’ailleurs peut-être à renforcer la comparaison.

Mais qu’à cela ne tienne. Une fois acceptées ces quelques faiblesses, Without A Fight devient un disque résolument attachant. Attachant car humain, tant les failles des artistes transpirent par tous les pores d’une musique poétique et captivante.

Quelques ballades (Droit Devant ou la minérale et radieuse Sans Visage) côtoient des titres que leur progression amène vers des sonorités plus électriques (Without A Fight You Die ou Sang Conclure et ses faux-airs de Michel Cloup, du moins dans sa première partie) et n’ont pas besoin de cris effarouchés ou de démonstration technique bruitiste pour convoquer une indéniable tension.

Dirigé par l’ingénieur du son Joe Barresi (Queens of the Stone Age) et enregistré par Fred Norguet (Ez3kiel), ce disque n’a jamais besoin d’artifices pour fonctionner, la sincérité et la délicatesse suffisant à maintenir un équilibre permanent entre une forme de lyrisme mesuré et une agressivité contenue.

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