Révélé en 2014 par l’excellent label toulousain BLWBCK, Orme, quatuor folk local aux compos atypiques évoquant le primitivisme, les débuts de Balmorhea ou encore feu Crepusculum chez nous, avait alors fait l’objet d’une diffusion en exclu dans nos pages. 9 ans déjà, et depuis nous avions perdu le projet de vue : pour cause, seul un 2e EP avait vu le jour dans l’intervalle, toujours du côté de l’écurie de Romain Barbot, avant la sortie ce mois-ci de ce tout premier long-format homonyme.

9 ans après donc, on retrouve la fébrilité épurée de cette "post-folk" grave et entêtante aux multiples cordes pincées des guitaristes Simon Chaubard (de Plebeian Grandstand) et Mathieu Felix (bouzouki, guitare portugaise) dont la clarté acoustique le dispute à l’intensité sèche (Couvre feu-la-ville, Apparaîssent les ruines), avec toutefois des sonorités proche-orientales nettement plus marquées que sur Debut EP (Quel nul n’étonne). Car une fois le ton donné, plus sombre et élégiaque ici, par l’introductif Une vaste brume, les percussions boisées d’origine iranienne de Louis L’épée viennent rapidement imposer une dynamique nouvelle, réminiscente quelque part de l’album Moondog 2 du génial Louis Thomas Hardin (De larmes de plomb), un peu comme chez Drone Baron dont on parlait hier : une certaine dimension hypnotique qui n’empêche pas les crescendos de gagner encore en tension aride, sous-tendus par le violoncelle un brin funeste voire par moments presque dissonant de Jeanne Denis, à l’instar de l’impressionnant Désert.

Cheminant jusqu’aux discrètes lueurs d’espoir du final D’un bien fade horizon avec son glockenspiel tintinnabulant, l’album, défendu par le label Titania Tapes de Golem Mecanique en K7 et digital (et distribué en CD par le berlinois BreathSunBoneBlood) n’en reste pas moins de saison... l’un des morceaux s’intitule d’ailleurs Rappellant l’automne, de rigueur pour cette magnifique bande-son d’un avenir pas vraiment radieux.