Mongrel - Better Than Heavy

Je n’aurais jamais pensé, il y a encore peu de temps, y aller de ma plume pour évoquer un album se rapprochant plus des musiques urbaines que des penchants rock indépendants qui transpirent habituellement entre nos lignes.

1. Barcode
2. Lies
3. Hit From the Morning Sun
4. Off the Leash
5. The Menace
6. Act Like That
7. Julian
8. Better Than Heavy
9. Better Them Than Us
10. Alphabet Assassins
11. All Your Ever Afters

date de sortie : 02-03-2009 Label : PIAS

Mais voilà que Mongrel, collectif anglais peu conventionnel, arrache sauvagement les clôtures qui séparent les terres du hip-hop, du dub, de l’électro et du rock et parvient à attirer mon attention. De cette nouvelle démarcation territoriale se constitue une troupe formée principalement de quelques membres de Arctic Monkeys (Andy Nicholson et Matt Helders), du bassiste de Babyshambles (Drew McDonnell), du rappeur irako-londonien Lowkey et de Jon McClure échappé de Reverend & the Makers. Un melting-pot qui a de prime abord de quoi laisser perplexe et qui justifie ce visage bâtard aux multiples facettes qui illustre la pochette bigarrée de Better Than Heavy.

Cette alliance hétéroclite visiblement motivée par les nouvelles perspectives d’expression qui s’offrent à elle, élabore un plan de bataille que l’on compare déjà de toutes parts à celui de Gorillaz. Et on peut tout de même avouer que certaines similitudes frappent par intermittence, en particulier sur un titre comme Julian dont la rythmique et le chant nous parviennent avec un certain mimétisme. Mais au-delà de ces quelques sentiments familiers, la nouvelle Armada anglaise se démarque par un groove accentué, des beats acides et des textes particulièrement engagés. Il est encore inutile d’imaginer pour l’instant que les oreilles de George W. Bush et de Tony Blair puissent arrêter de siffler ou que disparaissent les démonstrations anti-terroristes.

Et visiblement quant à faire les choses différemment, autant les faire en grand, et dans cette optique des alliés de circonstance ont été invités et apportent de remarquables contributions. Dans un premier temps citons Hit from the Morning Sun qui voit se greffer des arguments féminins sensuels ou totalement déchainés à la rage du collectif. Un peu plus loin et un peu plus fort encore, cette démesure adoptée s’illustre en un seul et même titre retournant au sens propre du terme comme au figuré : Alphabet Assassins qui voit chacun des vingt MCs convoqués pour l’occasion s’approprier une lettre de Z jusqu’à A et se lancer à tour de rôle dans un flow personnel jusqu’à épuisement.

L’ensemble se révèle étonnement équilibré, fort de nombreuses influences rencontrées, ska, funk, rap et toutes les principales étiquettes précédemment évoquées, tout y passe. Les récentes expériences concluantes d’élaboration de supergroupes (The Last Shadow Puppets, ou les projets parallèles des membres des Strokes) finiront probablement de rassurer, si besoin est, quant à la crédibilité de ce genre de démarche.

Mongrel surprend mais est finalement l’un des rares projets à refléter parfaitement l’image de la société contemporaine, où brassage ethnique et tensions urbaines sont plus que jamais d’actualité. Nul doute qu’à ce titre, et bien aidé par les nombreuses qualités de cet album, Better Than Heavy saura trouver oreille à qui parler, en particulier auprès des habituels réfractaires aux escapades éloignées des sentiers ultra-battus du rock.

Chroniques - 30.03.2009 par Pol
 


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