Le troisième oeil de Matt Elliott pleure toujours dans le noir

Entre ses remixes pour Orka signés The Third Eye Foundation en 2009 et son détour discret par deux des hybrides électro-acoustiques cinématiques et spleeniens du premier album de Chapelier Fou en mars dernier, on se doutait qu’un éventuel retour à l’électronique faisait de l’oeil ou plutôt de l’oreille à Matt Elliott, émigré il y a une demi-douzaine d’années dans le Sud de la France et chez Ici D’Ailleurs pour un triptyque acoustique inspiré par le folklore lourd d’accablement de ses ascendants slaves et autres complaintes grecques ou yiddish.

Mais de là à réactiver pour de bon le pseudo qui fit les plus belles heures de l’underground de Bristol à la grande époque des Flying Saucer Attack, Crescent, Amp ou encore Movietone (autant de projets auxquels Elliott participa en studio, sur scène ou par remixes interposés), il restait un sacré pas à franchir, une perspective inespérée que la fébrilité nous interdisait d’anticiper jusqu’à ce qu’un premier extrait If You Treat Us All Like Terrorists We Will Become Terrorists en écoute aujourd’hui seulement du coté de Magic vienne nous confirmer la chose dans toute sa splendeur malade : oui, Matt Elliott est redevenu The Third Eye Foundation, au moins le temps d’un album (ou mini-album ?), The Dark, à paraître le 8 novembre chez Ici D’Ailleurs et dont voici le trailer - plutôt laconique mais c’est toujours ça de pris pour nos oreilles avides :

Une atmosphère peut-être plus proche de celle de The Mess We Made qui avait parfaitement assuré la transition entre les deux époques de la discographie d’Elliott en 2003, mais l’extrait, quant à lui, dont les cordes martiales surprendront plus d’un admirateur au premier abord, renoue bel et bien avec cette assise drum’n’bass emblématique du projet et ces drones aussi ténébreux que tourmentés sans pour autant perdre de vue l’influence aujourd’hui largement incorporée par l’anglais de ce folklore slave aux choeurs lancinants et désenchantés.

Du déferlement noisy sur beats étouffés de l’oppressant Semtex (1996) aux errances éthérées et impressionnistes du beau Little Lost Soul (2000) hanté par des voix d’un autre temps, en passant par les deux chef-d’oeuvres urbains et cauchemardesques mais aussi d’un désespoir implacable que demeurent l’étouffant Ghost (1997) et le cinématique You Guys Kill Me (1998), on n’avait peut-être jamais rien entendu d’aussi frontal chez The Third Eye Foundation dont l’esprit de radicalité demeure néanmoins intact, tel ce diamant noir dont les années n’auront décidément pas réussi à entamer la terrifiante pureté.


Myspace : www.myspace.com/thethirdeyefoundation

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