D’abord, un bâtiment… Une grange peut-être ? A l’intérieur, quelques corps emmitouflés dans de gros manteaux qui s’escriment sur un bric-à-brac somme toute très organisé : ici, fûts à pétrole rouillés et poubelle en plastique, là, bouteilles de soda usagées et piquets d’enclos. Et ça vibre, ça claque, ça grince !!! Autant d’objets détournés de leur fonction première et transformés en instruments par l’imagination (et sans doute aussi la formation d’ingénieur du son) de Jens L. Thomsen, tête pensante d’Orka.

Cette scène, issue d’un concert filmé dans la ferme familiale de Thomsen et présente dans le DVD qui accompagne l’album, résume bien la gageure de Livandi Oyða : extirper, dans le froid, des sons et des rythmes des objets du quotidien. On pense alors bien sûr à Einstürzende Neubauten (maître-étalon du genre), mais un Einstürzende Neubauten qui serait strictement rural, les pieds dans l’herbe fraîche, loin du béton et de l’asphalte de la ville.

Pourtant, sous ses abords champêtres, la musique d’Orka n’en reste pas moins inquiète et c’est là toute sa singularité… Elle transpire même la noirceur et la tension : instruments-objets percutants (barrel kit, bottle organ, ou le sympathique hammer&nails) et chant aux paroles incompréhensibles qui prend des airs de mantras inquiétants nous invitent à une balade au cœur de la forêt, là où tout est sombre et angoissant. L’ensemble est tribal en diable, mais jamais au détriment de la mélodie, grâce aux arrangements très léchés de Thomsen.

Outre ses six morceaux originaux, Livandi Oyða est agrémenté de remixes/collaborations qui ne font pas office de remplissage : Oktopus (Deadverse) confronte Orka à l’univers clous rouillés/tétanos de Dälek quand Matt Elliott (The Third Eye Foundation) nous emmène aux confins des Balkans.

Tels sont les paradoxes d’Orka : industriel mais rural, tribal mais moderne… hors-norme !

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