An Pierlé & White Velvet : de concert en révélations

Quatre ans après son dernier album studio, An Pierlé accompagnée de son White Velvet est revenue sur le devant de la scène avec Hinterland sorti en 2010. L’occasion de fouler à nouveau les scènes de France avec notamment une date à Marseille le 11 février dernier, pour un concert une fois de plus enchanteur. Avant de monter sur la scène du Poste à Galène, An Pierlé et Koen Gisen ont gentiment accepté de nous en dire plus sur ce dernier opus, leurs différents projets ou encore cette scène belge dont on ne se lassera décidément jamais.

Il y a quelques années déjà, je comparais An Pierlé à une ensorceleuse réussissant avec White Velvet à nous faire voyager de contrées en contrées, toutes aussi éloignées les unes que les autres grâce à leur disque éponyme aux allures de "second premier album". C’était en effet la première fois, après Mud Stories et Helium Sunset, qu’apparaissait son compagnon Koen Gisen AKA White Velvet. Avec le recul, bien qu’abouti, cet opus pouvait par moments sembler inégal et somme toute très proche de son prédécesseur. Difficile dès lors de savoir à quoi s’attendre lors de l’annonce de la sortie d’ Hinterland, à nouveau signé en duo.
Nous sommes donc partis à leur rencontre, avant leur concert marseillais, afin d’essayer de percer le mystère de cette alchimie au travers d’une interview et d’une session acoustique.


Le concert

Quoi de mieux, pour fuir la grisaille persistante de ce mois de février, qu’un crochet dans le Sud pour aller voir An Pierlé & White Velvet en concert ? Bon, il faut bien reconnaître qu’il valait mieux ne pas compter sur le soleil pour réchauffer nos cœurs, ce qu’An Pierlé et ses acolytes savent en revanche particulièrement bien faire.

L’attente commençait à paraître longue jusqu’à l’entrée en scène de Narrow Terence, jeune groupe marseillais aux allures britanniques qui commence à se faire un nom grâce à une musique tantôt rock, tantôt plus contemplative à l’image d’un morceau introductif avec flûte traversière dont le riff efficace est repris directement à la guitare électrique. L’ensemble du set jouera sur cette alternance, ajoutant parfois des accents bluesy, ne serait-ce qu’à travers le côté Tom Waits de la voix du chanteur. Qu’il soit survolté ou touchant, le groupe réussit à installer une bonne ambiance au Poste à Galène de Marseille, qui s’est rapidement rempli après le début du concert.

C’est donc dans cette ambiance chaleureuse appelée à devenir feutrée dès les premiers morceaux qu’An Pierlé & White Velvet fait son entrée. Le seul regret de la soirée sera l’excès de fumée qui a bien failli asphyxier An et le premier rang au moins de la salle dont je faisais partie. Inutile de dire que tout le monde s’en serait bien passé, d’autant plus que cela aurait pu gâcher l’une des plus belles chansons de la Belge, How Does It Feel ?
Après deux morceaux d’ Hinterland - Everything Is New Again et Fort Jerome aux accents trip-hop - le rythme s’accélère un peu avec Helium Sunset, extrait de l’album éponyme, où An passe du piano à l’accordéon avant d’enchaîner sur l’épileptique Wakey Wakey.

Vient ensuite un premier interlude, non sans humour, afin de présenter les musiciens. L’atmosphère est bon enfant pour introduire Sorry, complainte mélancolique issue d’ Helium Sunset et sans transition le set se poursuit sur de nouveaux morceaux d’ Hinterland qui prennent une toute autre dimension sur scène, invitation pour approfondir le dernier opus des Belges qui réserve de bien belles surprises au fil des écoutes. L’ambiance tourne ainsi au rock avec Hide & Seek, Broke My Bones, Lonely One & Only, Jungle et enfin, le fiévreux Little By Little annonçant la fin imminente du concert avant Paris S’Eveille, reprise de Jacques Dutronc revue et corrigée façon disco en y injectant du Donna Summer en plein milieu. Il n’en fallait pas plus pour que le public devienne bouillonnant à l’heure du rappel.
Pourtant, le groupe va nous prendre à contre-pied en interprétant une ballade folk, Mean Reds, pour en terminer avec les derniers morceaux d’ Hinterland qui aura été intégralement joué ce soir. Ce fut également le calme avant la tempête puisqu’après une transition free-jazz improvisée, le groupe se lance corps et âme dans un Sing Song Sally psychédélique et habité. Quel final ! De la joie, de la bonne humeur : comment ne pas en redemander ?! An reviendra d’ailleurs une dernière fois, seule, jouer le bouleversant Mud Stories du premier album éponyme dans un silence attentif, afin de nous laisser sur une note douce et apaisante après ce concert aussi bouillonnant que touchant.


La rencontre

Where Did It Come From ? - Le Poste à Galène (Marseille) - 11/02/2011

-  Qui fait quoi ?

Si la question ne se pose pas ( Mud Stories est quasi-exclusivement piano/voix) ou peu (apparition d’arrangements sur Helium Sunset mais toujours signé par la seule An Pierlé), ce White Velvet, apparu en 2007 a de quoi semer le trouble à première écoute. An continue d’écrire les paroles tandis que Koen enregistre et produit... oui mais alors ? Finalement, il semble que l’alchimie née de leurs échanges d’idées engendre d’elle-même la magie de leur univers. Sur Hinterland, ils ont presque joué tous les instruments eux-mêmes afin de conserver une dynamique de création sans "tomber dans ce qu’ils savaient déjà faire".

-  Hinterland

Ce quatrième opus avait la difficile tâche d’égaler pour le moins ses grands frères et cette épreuve s’est trouvée être un succès, instaurant les éléments nécessaires à tout grand album : un univers propre à l’artiste avec ce qu’il faut de surprise et de risque pour qu’il paraisse nouveau. Ainsi, on retrouve sur Hinterland ce côté féérique ainsi que ces mélodies et envolées spontanées. En revanche, s’il n’y avait déjà rien à redire sur la beauté des arrangements de ses prédécesseurs, ils prennent une tournure plus subtile et complexe qu’auparavant, nécessitant plus d’attention, permettant de nouvelles découvertes à chacune des écoutes. Plus encore, ils s’aventurent ici sur différents chemins, donnant à l’album des allures tantôt pop (Where Did It Come From ?), rock (Lonely One And Only) voire trip-hop (Everything Is New Again), "d’un point de vue artistique, c’est ce qu’on adore faire donc c’est ce qu’on suit" nous avoue An. Autre plus, et non des moindres : l’utilisation des chœurs montrant toute l’étendue de sa voix rappelant parfois Kate Bush et accentuant le côté onirique de son univers.

-  En concert

Cette magie construite sur album opère tout aussi bien sur scène où An et Koen sont accompagnés de Peter De Bosschere (batterie) et Klaas Delvaux (basse). Et c’est avec sincérité qu’ils font vivre leur répertoire durant un moment forcément... magique. An et Koen nous expliquent que cela est également dû à l’échange qu’ils ont avec leur public. Finalement, un concert d’An Pierlé & White Velvet, ça se vit (cf. plus haut).

-  La scène belge

C’est que l’air de rien, elle est bien vivante, cette scène belge, et sans cesse en développement depuis la grande époque dEUS, entre Zita Swoon, Venus, Girls In Hawaii et bien d’autres encore que nous aimons tout autant. Leur secret se trouverait-il là, en fin de compte ? Sous nos yeux et tellement évident que nous ne l’aurions pas vu ? Bon, visiblement, être belge n’explique pas tout, surtout que de l’aveu des principaux intéressés, ils ne se sont jamais sentis partie intégrante de l’une de ces familles musicales.

-  Et la suite ?

Riche d’un première expérience de composition de musique de film (avec le titre éponyme d’ Eldorado de Bouli Lanners), le duo ne cache pas son envie de réitérer cet exercice, mais au-delà d’un seul titre cette fois.
En parallèle, un projet "dans l’ombre" est également en cours, en collaboration avec des écrivains néerlandais en vue d’un EP de 5 ou 6 chansons. Enfin, hors caméra, An nous a confié sa volonté de refaire un album solo, piano/voix, à l’instar de Mud Stories afin de "boucler la boucle" avant, espérons-le, d’en entamer une nouvelle.

Intégralité de l’interview - Poste à Galène (Marseille) - 11/02/2011


Indie Rock Mag remercie grandement An et Koen pour leur disponibilité et leur gentillesse.

Images : Catherine Deylac (Lartsenic)
Son : Roger Granato (Le Lounge)


Interviews - 14.03.2011 par spydermonkey


News // 3 octobre 2012
An Pierlé débranche la prise

La Belge, qui nous avait confié en 2010 vouloir refaire un album solo piano/voix pour "boucler la boucle" après deux disques plus électriques enregistrés en duo avec son compagnon Koen Gisen aka White Velvet et des concerts en formation étendue, revient en effet à quelque chose de nettement plus acoustique et dépouillé avec Such A Shame, relecture (...)



An Pierlé & White Velvet

Enveloppée de velours blanc, An Pierlé nous enchante avec ce troisième opus, tantôt à l’aide de ballades glaciales et tranchantes, tantôt grâce à de douces mélodies innocentes. C’est donc accompagnée de ses accolytes du White Velvet qu’elle va y parvenir.