Tombé sur Hello Cruel World dans le piège du mainstream dont il essayait justement avec le Skyrider Band de contourner les codes, Sole vient de nous décevoir véritablement pour la toute première fois, à l’image Factor l’an dernier sur le même label avec son projet Common Grackle.

Or, toujours comme Factor l’an dernier, notre artilleur barbu a plus d’un projet pour son escarcelle pour nous faire oublier ce faux-pas, toujours au top avec sa série Mansbestfriend ou même la mixtape Nuclear Winter Vol. 2 qui semble avoir fait le choix salvateur d’oublier la distance parodique de l’opus précédent.

Aucune inquiétude dès lors pour l’avenir des deux plus talentueux pensionnaires de l’écurie Fake Four, qui se croisaient justement en mars dernier sur la courte compilation dont il va être question ici. Un EP initié par le MC japonais Kaigen pour venir en aide aux victimes du tremblement de terre et du tsunami subis consécutivement par les côtes japonaises et conçu dans cet esprit de solidarité comme une série de collaborations entre divers rappeurs et beatmakers du label de Ceschi Ramos.

L’occasion donc d’une belle leçon d’humanisme d’entrée de jeu avec Myka9 et Moka Only mais aussi d’éducation des masses puisqu’en guise de morceau de bravoure, The Great Deluge voit Sole, Jared Paul du combo punk/hip-hop Prayers For Atheists et Kaigen pointer sur plus de 8 minutes les responsabilités écologiques, sociétales ou gouvernementales, taclant l’immobilisme des uns et le mauvais exemple des autres en guise d’hommage vindicatif aux innocents qui en ont subi les conséquences, sur un beat minimaliste et saturé signé Leif Kolt dont le refrain plus mélancolique vient instaurer un jeu de contrastes à la hauteur du fabuleux The Great Depression sur l’album de... Common Grackle :

La différence étant qu’il ne s’agira pas cette fois d’une réussite isolée, Factor enfonçant le clou dans la foulée avec la production lumineuse du désarmant No Easy Way To Grow que n’aurait sans douté pas renié Mark Oliver Everett lui-même, petit chef-d’oeuvre hip/pop qui lui permet outre Kaigen en nippon dans le texte de retrouver ses compères Ceschi et Awol One (avec, tiens donc, Gregory Pepper de Common Grackle au piano), avant un final lui aussi de toute beauté signé Radical Face dont l’écrin ambient aux nappes planantes donne l’occasion à Sole de se révéler au chant sous un jour nouveau : oui vous avez bien lu, du chant, et qui plus est plein d’espoir, de quoi vous motiver on l’espère à faire une petite donation par ici, sachant que les sinistrés du Japon malgré les mois écoulés ont toujours autant besoin de votre aide.