Qu’il y ait ou non un rapport entre Silencio et le club du même nom cher aux exégètes de David Lynch, rien n’est moins sûr au regard des atmosphères nettement plus pastorales qu’interlopes qu’évoque la musique de Julien Demoulin au gré de ses accords en suspension bercés de drones éthérés et autres field recordings délicats.

Ce qui est certain par contre, c’est que ce cinquième opus du projet électro-acoustique de notre Lillois exilé à Bruxelles, toujours épaulé par son fidèle collaborateur Nicolas Lecocq à l’écriture et l’instrumentation ainsi que par Bernold Delgoda aux arrangements, a de bien beaux ascendants : de The Album Leaf pour ses envolées sporadiques à la croisée de l’électronica et du post-rock (Gone, Taking Time) à Windy & Carl pour ses rêveries plus texturées aux dimensions olympiennes (The Easy Way Out, Wasted Youth), en passant pourquoi pas par les regrettés Labradford pour cet art de l’économie dans les accords de guitare ou de piano distillés avec autant de justesse que de parcimonie, comme s’ils ambitionnaient de laisser la plus belle dernière trace possible avant de s’évanouir dans l’air ambiant (Down With The Ship, Clouding).

Un album envoûtant, qui dévoilera une facette plus mélodique du musicien à ceux qui l’avait découvert via ses projets solo et notamment sa récente collaboration avec IA chez Basses Fréquences.