Le streaming du jour #559 : Shoefiti - ’Only Mountains Never Meet’

Shoefiti, c’est le projet d’Henri ’HenZ’ d’Armancourt déjà croisé à la basse du combo parisien Vostok, qui avait mis un bon coup de pied dans la fourmilière du rock d’ici il y a quelques mois via cette même rubrique en choisissant d’associer chant en français et rage sans concession sur un premier EP redoutable d’efficacité. Pas très courant il faut bien l’avouer mais un mini-album explorant à peu près autant de direction que le lui permet sa formation basse/guitare/batterie/claviers ça l’est tout aussi peu, un bon point d’emblée pour cet Only Mountains Never Meet qui ferait presque mentir son titre en organisant la rencontre entre Chokebore, John Lennon et Yo La Tengo.

Conviés aux instruments et aux backing vocals, on retrouve certains des membres de Vostok, notamment Raphaël Tandoi à la guitare et Sam Derré qui donne de la voix au gré du crescendo aussi dense que fulgurant de l’intense Nothing Change. Une face légère et une autre plus tourmentée, l’album reflète son découpage vinyle (une édition 12" à 300 copies autofinancée via Ulele et dispo sur Bandcamp) comme à la grande époque du rock psyché et pour cause, avant d’en arriver au bipolaire So Far qui clôt le disque sur un sommet de mélancolie électrique digne d’Elliott Smith du haut de ses harmonies éthérées et de ses riffs épurés, on sera passé par l’americana lancinante de Complicated Minds avec ses faux-airs de Beta Band dans la mélodie vocale hallucinée, les accents de grandeur droguée de Memories Of The Attic ou encore les contrastes entre piano limpide et implosions saturées de Mr Sleeping Bag Man, trois titres ambitieux sous-tendus par un même vibrato de guitare brumeux en guise de fil d’Ariane pour multiplier les allers-retours entre rêve et réalité.

Quant aux glorieux excès stone-rosiens de 1989 (l’année justement du triomphe des Mancuniens... hasard ?) et aux wah-wah tonitruants d’un Venice, It Was Nothing au groove truculent, ils n’auront plus qu’à enfoncer le clou pour vous convaincre du potentiel quant à lui tout à fait tangible de Shoefiti, et plus particulièrement de ce premier essai qu’on aura eu autant de mal à tenter d’étiqueter que de facilité à réécouter, encore et encore.


Et en acoustique ça marche aussi comme en témoignent ces deux inédits habités, enregistrés en pleine nature par Henri parti seul en quête de reverb’ naturelle :

Shoefiti - The Chapel & Cliff session part II & III (From Dusk Till Dawn, Coriolis) from Shoefiti on Vimeo.


Streaming du jour - 27.10.2012 par RabbitInYourHeadlights
... et plus si affinités ...
Shoefiti sur IRM - Bandcamp