Le streaming du jour #582 : Cliff Dweller - ’Emerald City’ & ’When We Get To Heaven OST’

On attendait Emerald City, blockbuster annoncé en grande pompe, et c’est finalement un double programme que nous offrent Ari Balouzian, Max Whipple et leurs amis, s’ouvrant comme il se doit sur un court-métrage dont la BO délaisse le beatmaking syncopé d’ Hallucinations ou encore du récent EP Perch Verdad pour mieux se consacrer à la dimension la plus lugubre et lancinante de l’univers des Californiens.


Post-classique funèbre, dark ambient bruitiste et noise psychotique sont ainsi au programme de l’EP When We Get To Heaven téléchargeable librement via Bandcamp, au diapason des images surannées pour le moins dérangeantes d’Oliver Bernsen et Justin Dalzell :


Une entrée en matière obsédante et d’une belle intensité dramatique qui nous amène au plat de résistance, soit 19 titres pour la plupart instrumentaux qui résument, transcendent et prolongent l’art de Cliff Dweller pour ces métissages poignants aux allures de bande originale imaginaire dont Balouzian à le secret depuis Ghosts Of The Dust Bowl, tour à tour bucoliques, entêtants, tourmentés, romantiques ou carrément hantés. Emerald City, c’est un peu le Heaven’s Gate de Cliff Dweller, une fresque élégiaque et démesurée sur un ville imaginaire tendant un miroir à l’Amérique toute entière, sauf que cette fresque là se décline en chapitres disjoints, maniant l’ellipse à travers l’espace et les époques, des étreintes d’amoureux dans les prairies verdoyantes aux immigrés clandestins malmenés à la frontière du Mexique en passant par la montée du sectarisme, la révolution industrielle, le spleen des clubs de jazz ou l’école du dimanche.

On citera volontiers l’intro lyrique et capiteuse du jazzy Escercesm, les tourbillons de cordes désespérées sur fond de samples poussiéreux de Camino Real, le flippant Big Black Red Hole où se mêlent suppliques sectaires et déluge doomesque, les drones orchestraux discordants et martiaux de Diesel Motor Oil, le groove rêveur et brut de décoffrage de John Thomas Dye (du nom du fondateur d’une école privée de Bel Air) illuminé par les brumeuses vocalises hispanophones d’Andrea Adolph, la trompette de Spencer Ludwig et les trémolos de violon déchirants d’une cover de My Funny Valentine belle à pleurer (du moins jusqu’à son inquiétant final caverneux), les plaintes d’âmes damnées de Drawl ou encore les valses tragiques aux atmosphères proches des films des Wong Kar-wai que sont Emerald City (Philip Glass non plus n’est pas loin) ou Lured Into The Tent... mais il serait vain de tenter de résumer en quelques phrases ce chef-d’œuvre d’ores et déjà promis aux honneurs de nos listes de fin d’année, que l’on préférera de fait vous laisser découvrir par vous-même dans son intégralité :


Streaming du jour - 19.11.2012 par RabbitInYourHeadlights
... et plus si affinités ...
Cliff Dweller sur IRM - Site Officiel - Bandcamp