Le streaming du jour #684 : mattr. - ’I Ate Some Darkness’
En près de dix ans de carrière - il les célèbrera l’an prochain - mattr. a déjà eu le temps de composer six albums. Le dernier né, I Ate Some Darkness nous invite dans un univers forcément sombre. Mais pas seulement.
Une jeune fille songe, à bord de son tricycle, sur le pas de la porte. La photographie, en noir et blanc, est néanmoins saturée au maximum, ce qui donne finalement un aspect assez lumineux à un cliché d’apparence ténébreuse.
Ce qui est applicable à l’illustration de I Ate Some Darkness l’est aussi pour les compositions du disque. Ambitieux et réfléchi, l’aspect sombre prégnant dès le titre de la galette n’est qu’un enrobage auquel il serait bien dommage de se limiter. Un enrobage assez épais, soyons clairs.
Mais le Suisse est un magicien. Et si chacun des éléments qui forment les onze morceaux - des beats tranchés aux nappes sombres en passant par des samples vocaux et divers arrangements électroniques - ne respire pas franchement la joie, l’ensemble, lui, dépasse, à l’instar de They Will Forget The Light, le stade de la détresse totale.
Noires mais pas désespérées, les compositions dark-abstract de celui qui est aujourd’hui basé à Saint-Gall sont énigmatiques et toujours intrigantes. L’impression est d’ailleurs renforcée par les extraits de spoken word presque mystiques placés ici et là. Celui qui se définit comme "presque heureux" malgré une "peur profonde de certaines couleurs" a sans doute dépassé cette phobie en faisant émerger, probablement malgré lui, un certain élan onirique d’espoir, de ses ténébreux arrangements.
I Ate Some Darkness donne finalement l’impression d’un filet lumineux découvert après avoir ouvert les portes des ténèbres. Assez jouissif, ce mélange d’émotions permet au musicien originaire de Berne de ne jamais tourner en rond.
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