Le streaming du jour #1278 : Angil And The Hiddentracks - ’Lines EP’

Depuis le temps que l’on suit Mickaël Mottet dans ses pérégrinations, que ce soit avec Del, Dotsy Dot, en son nom propre ou à la tête d’Angil And The Hiddentracks, nous n’éprouvons toujours aucune lassitude à l’idée d’écouter et de défendre ses nouvelles compositions.

Ce n’est pas avec l’EP Lines qu’une quelconque lassitude va naître. Il s’agira pourtant - a priori - du dernier inédit d’Angil And The Hiddentracks. Et pour cause. Mickaël Mottet le justifie assez efficacement en estimant que "300 personnes nous trouvaient importants, 3000 nous respectaient, et le reste des amateurs de musique avaient au mieux vaguement entendu parler de nous, au pire ne nous connaissaient absolument pas, soit parce qu’il s’en foutent, soit parce qu’on ne leur a pas donné accès à notre musique".

Après sept ans d’existence, l’artiste a "choisi l’arrêt avant l’épuisement". La difficulté de financer le projet et d’accéder à des salles de concert aura provoqué cette décision. On se consolera donc avec le véritable bouquet final que constitue Lines.

Si l’on savait Angil adepte du grand écart et capable de digérer avec autant d’aisance des compositions à tendance jazzy, pop, post-rock ou même classique contemporaine, il est toujours aussi jubilatoire de le voir passer du coq à l’âne sur un court format sans dégrader ce fil conducteur ténu qui sert à maintenir l’unité d’ensemble.

Après une minute durant laquelle la tension monte sur Soaking The Lines, Mickaël Mottet s’autorise un flow qui rappellerait presque, dans un premier temps, le Rosko John qui s’acoquinait avec Archive sur Londinium. Le titre évoluera ensuite, jusqu’à sa fin, vers une atmosphère à la Beirut accentuée par la présence de chœurs et de vents.

Sur Raise Your Eyebrows In The Air (Like You Just Don’t Care) et son faux rythme délectable, les vents sont toujours présents et, utilisés telles des ponctuations, subliment le propos tout en accompagnant une voix qui, forcément sur ce type de tempo, n’est pas dénuée d’une once de cette nonchalance qui nous happe dans son univers.

Atypique, Gospels démarre a capella. Quelques secondes plus tard, une basse énergique dynamise le titre avant que des vents à la Sufjan Stevens versant All Delighted People n’apparaissent. L’alternance entre ces deux types de phases rend le titre assez foutraque et, avouons-le, jouissif. Si cet EP comportait un ovni, ce serait assurément celui-ci.

Enfin, à l’écoute de The Major Chords, Angil pourrait être considéré - de manière évidemment réductrice et trop hâtive - comme l’alter-ego masculin de Mansfield TYA au regard de ce mariage entre une rythmique martiale et l’utilisation saccadée de cordes frottées.

On se désolera donc de l’arrêt de ce projet, mais on ne doute pas un seul instant du fait que l’on retrouvera Angil à la tête d’autres formations aussi passionnantes qu’inspirées.


Streaming du jour - 06.03.2015 par Elnorton
... et plus si affinités ...
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