Le streaming du jour #1422 : Hash Blade - ’Bluebeard’, ’Hash Brown Blade’ & ’Krem Hash ôn’ Wo͝ol Blades’ w/ Krem ôn’ Wo͝ol (+ bonus : Parlay Droner, SPLNSHNTS, Florida=Death)

En creusant un peu, on aurait très bien pu découvrir Parlay Droner en même temps que FilthyBroke Recordings dont il fut un temps à l’époque le graphiste attitré. Manque de pot, il nous aura fallu attendre encore deux ans et la sortie de ce chouette split ultra-concis avec Marjen sur un autre label chéri des amateurs d’abstract noisy et bricolé, clermontois celui-là, pour s’intéresser à la constellation de projets DIY gravitant autour de cet artiste multi-facettes basé dans le Connecticut.

Hello.L.A. donc, label qu’on adore et qu’on suit à IRM, label où s’étaient finalement posés l’an dernier Parlay Droner et son compère MJC, boss de FilthyBroke, pour leur extraordinaire EP commun sous le nom de SPLNSHNTS, malheureusement passé entre les mailles de nos filets à sa sortie. Rétrospectivement, après les drums cradingues et autres distos de synthés rétrofuturistes de Parlay Droner sur le split sus-nommé on n’est pas vraiment dépaysé, une sorte de Boards of Canada brut de décoffrage qu’on aurait biberonné à l’indus, Anticon (Odd Nosdam étant un mentor avoué de l’un comme de l’autre) et la kosmische musik plutôt qu’au label Warp.

Autant dire qu’il y a de quoi s’intéresser de plus près à l’univers du bonhomme et ça tombe bien, car ce n’est là que la partie émergée d’un iceberg maousse qui nage dans l’autoproduction et le fait-maison. On commence donc par un petit survol rapide des réalisations marquantes de Parlay Droner en solo, toutes deux datées de 2015 : d’un côté, les boucles abstract hantologiques ultra-lo-fi de This Was A Man à la croisée d’un Caretaker boom-bap et d’un Babel Fishh tribal-ambient, pour faire court ; de l’autre, l’équilibriste et proprement fabuleux Spritegeist dont les instrus tout aussi ésotériques et opiacés déroulent l’imagerie gothique d’un jeu vidéo avorté dont ils se voulaient la bande-son, confrontant drums saturés, synthés sépulcraux, percussions mystiques et claviers plus mélancoliques :



Ce qui nous amène au véritable sujet de ce streaming, l’actu de cette année x 3, ce Hash Blade qui regroupe donc Parlay Droner, son compère Acre et parfois en renfort un certain Pedro - échappé du crew avant-pop local Florida=Death dont on vous reparle plus bas - comme sur ce clash d’avril dernier avec son projet solo Krem ôn’ Wo͝ol qui met d’emblée en évidence la dimension largement improvisée des sessions d’enregistrement des trois compères (lesquels, en plus de faire distribution commune dans l’underground connecticutais - si si, ça se dit - sous la bannière AMOD Records, sévissent également sous l’alias Club Friendsday, heureusement pas encore de Bandcamp ou pour un peu on devenait fou) :



Sortie la plus concise des trois, toute en boucles d’effets drogués et de saturations analogiques triturées jusqu’au larsen, drums rachitiques ou carrément absents, on flirte avec le bruit mais suffisamment assourdi pour hypnotiser l’auditeur d’un bout à l’autre de ces 7 titres (dont un en bonus au téléchargement - gratuit) d’inspiration vaguement, hum... pâtissière. Du coup, pas étonnant de retrouver en cover de leur dernier-né Hash Brown Blade une, hum... galette de pomme de terre ("hash brown" comme ils disent de l’autre côté de l’Atlantique) et une lame ("blade" donc) pour un jeu de mots tout aussi régressif que le drone patchouli, le harsh méditatif et l’acoustique cornée au chalumeau de ce disque tout aussi minimaliste et strident que le précédent (à télécharger absolument, à prix libre là aussi, pour avoir droit aux 12 titres dont le streaming Bandcamp ne retient que les deux tiers) :



Enfin, pour rester dans l’alimentaire, un break repas chinois pourvu par un livreur à barbe bleue (d’où le titre) est la seule pause que se sont accordée Acre et Parlay Droner durant les 5 heures d’enregistrement qu’a nécessité le chef-d’œuvre du lot (n’ayons pas peur des mots, ni démos, ou des maux de tête ça marche aussi pour les allergiques au bruitisme psyché), ce Bluebeard qui a toutes les qualités des autres en plus rythmique (jusqu’au drumming en roue libre du très free et analogiquement glitché Wasabi Moon Jazz), plus rentre-dedans, plus tendu et menaçant, plus flippant aussi sur les deux morceaux-fleuves que sont l’orageux Bluebeard’s Meditation ou le cliquetant et ténébreux Boi He Bout To Blue It, les cauchemars chamaniques des deux Bluebeard’s Theme, près de 25 minutes bout à bout, évoquant pour leur part le genre de monstruosité qu’aurait pu engendrer The Third Eye Foundation avec Odd Nosdam aux consoles :



Et donc en bonus de la mort il fallait bien en terminer par les précédemment cités Florida=Death, ne serait-ce que pour ce Post Information (2013) illustré par un dessin à l’encre de Parlay Droner et appelé à devenir culte... un espèce de petit cousin fantasmatique et déglingo des Why ? de Yoni Wolf en beaucoup, beaucoup plus déconstruit, les fans dOaklandazulasylum ou d’Hymie’s Basement nous diront sûrement des nouvelles de ces miniatures abstract-mystico-noisy-folk malaxées sur cassette :


Streaming du jour - 25.10.2016 par RabbitInYourHeadlights
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