Elektrische Frau est un EP assez insaisissable. Composé de cinq titres, celui-ci évolue en effet dans des contrées tellement différentes qu’il possède les qualités de ses défauts, et inversement.

En l’occurrence, si certains puristes regretteront une difficulté à repérer la ligne directrice de ce court format, les autres se réjouiront en appréciant l’absence de monotonie d’un disque qui aime prendre son temps.

En dépit d’un pseudonyme qui laisse augurer une vision des choses à la fois moins mesurée et dénuée de subtilité, Iloveyourass distille plusieurs bombes qui excellent dans leurs registres respectifs. Rien de comparable entre la pop aérienne de Never Trouble, les guitares en bois d’Ivresse, la folk de Falling Out hantée par un chant à la Tom Waits ou les boucles new wave d’un Elektrische Frau qui lorgne sur le krautrock, si ce n’est que c’est à chaque fois exécuté avec suffisamment de talent pour convaincre l’auditeur de l’authenticité de la démarche.

Ce patchwork sonore s’autorise même une conclusion redoutable avec l’électro-pop apparemment candide d’un F Control qui évolue finalement très rapidement vers un univers plus obscur et tourmenté grâce à la voix d’Aline Leroy et aux chœurs qui ne manquent pas de l’accompagner. Morceau mutant, c’est même le spectre des Strokes qui apparaît en fin de compte avec un jeu de guitare que ne renierait probablement pas Albert Hammond Jr.

Le duo basé à Poitiers, qui s’est rencontré lorsque Damien Gauvin a rejoint la formation Idiograme où évoluait déjà sa future compère, devra néanmoins trouver une colonne vertébrale à son univers s’il venait à sortir un long format mais, en attendant, on se délectera de ces cinq compositions.