Slowdive - s/t
Mince, une reformation réussie. Il va sans dire que nous ne nous y attendions pas. Depuis 1995 et Pygmalion, Slowdive s’était retiré. Alors évidemment, les différents membres du combo s’étaient adonnés à des projets divers. Parmi ceux-ci, Neil Halstead, Rachel Goswell et Ian McCutcheon se réunissaient sur le plus fameux et peut-être le plus abouti, en l’occurrence Mojave 3.
1. Slomo
2. Star Roving
3. Don’t Know Why
4. Sugar For The Pill
5. Everyone Knows
6. No Longer Making Time
7. Go Get It
8. Falling Ashes
Quelques beaux disques qui n’égalèrent jamais tout à fait la grâce de Slowdive. Avec les abstractions minimalistes de Simon Scott signées chez 12k, les albums solo délicats de Neil Halstead ou très récemment, le projet Minor Victories sur lequel se retrouvait Rachel Goswell, il y a réellement de quoi trouver des pépites dans cette discographie alternative.
Mais encore une fois, rien qui ne pourra égaler les trois premiers disques de Slowdive, parmi lesquels le second, Souvlaki fait figure de pierre angulaire de ce mouvement qui prendra (trop) tardivement le nom de shoegaze. Slowdive, quatrième disque de la formation homonyme, est plutôt un disque de dream-pop en ce sens qu’il n’essaye pas de reprendre en 2017 les codes d’un courant mort-né au succès essentiellement posthume.
Oui, à l’époque, c’était bien de dream-pop que l’on parlait pour décrire ces parties métronomiques de batterie épousant des nappes planantes de guitares distordues par des pédales d’effets et ces chants élégiaques saupoudrés sur un ensemble linéaire.
Vingt-deux ans après, le monde n’a plus grand-chose à voir avec ce qu’il était à la sortie de Pygmalion. Mais la musique de Slowdive ne comporte ni rupture, ni redondance, ce qui est peut-être le plus beau compliment que l’on puisse faire s’agissant d’une reformation si tardive.
Les Britanniques ne bouleversent certes pas les codes du genre, mais ils ne restent pour autant pas dans une zone de confort. Il faut dire que l’évanescence et la créativité de leur jeu aérien avaient probablement (au moins) une paire de décennies d’avance sur son époque. Cette période de revival autour du shoegaze, débutée il y a une demi-douzaine d’années, en est le plus fidèle indicateur.
Avec Slowdive, le combo s’appuie donc sur ses acquis pour les transcender. Sur le plan sonore, rien ne permet d’objectiver le fait qu’il s’agit d’un album réalisé par des quadragénaires déjà bien avancés. Là où la rage et la verve s’étiolent au fil des années, la contemplation et l’onirisme n’ont pas d’âge.
De tout temps, l’homme a rêvé. Il se perd dans ses pensées. Médite. Et Slowdive est en ce sens un catalyseur hors pair. De Slomo, classique instantané qui fait hésiter en permanence entre envolée aérienne voluptueuse et hymne dansant pour sous-sol, au piano binaire d’un Falling Ashes final et mélancolique qui aurait trouvé sa place sur l’épure de Pygmalion, les Anglais alternent les temps forts et les pauses propices aux rêveries.
En plus d’un single Star Roving au flux instrumental dense auquel se mêle l’imperturbable chant de Neil Halstead et quelques saccades assurées par Rachel Goswell, il convient d’ajouter comme temps forts ce Sugar For The Pill désarmant de lumineuse fragilité et surtout No Longer Making Time, autre instantané s’apparentant à un hymne sacrificiel qui reproduit petit à petit ce fameux « mur du son » inhérent au genre dream-pop sur fond d’accords mineurs.
A l’image de ce dernier, les huit titres de Slowdive sont surtout solides sur le plan de la trame narrative, là où certains se contentent de reproduire de manière superficielle les éléments immergés d’une recette ayant fait leur succès. La cohérence apparaît comme le maître-mot de ce disque, ce que laissait déjà suggérer Neil Halstead lorsqu’il précisait que « quand tu es dans un groupe et que tu enregistres trois disques, il y a un courant continu. Ce courant a repris vie en nous lorsque nous avons donné des concerts, et puis cela a continué pendant l’enregistrement ». Passer par la scène était donc un préalable nécessaire pour reprendre les choses là où elles avaient été suspendues.
Ride, Jesus & Mary Chains, My Bloody Valentine, Chapterhouse, Moose… Il est évident que tous ces groupes essentiels sont particulièrement appréciables. Mais il faut bien se l’avouer, si Slowdive dégageait déjà ce petit supplément inexplicable qui en faisait un pilier de la dream-pop, le fait qu’il soit le seul (parmi ceux qui ont osé) à avoir réussi son retour ne fait que renforcer ce statut spécial d’empereur (bien malgré lui) du shoegaze.
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