Elysian Fields + Joe Bell - La Maroquinerie (Paris)

le 1er/11/2018

Moment de grâce à la Maro avec les increvables New-Yorkais, en plein retour de flamme.

C’était en tout début de mois à La Maroquinerie, à l’invitation de la Centrifugeuse qui distribue chez nous l’excellent Pink Air, 9ème album des New-Yorkais d’Elysian Fields chroniqué dans nos pages. Dix jours ont passé, pas facile de trouver les mots pour rendre justice au magnétisme de tous les instants de la sensuelle Jennifer Charles et à la classe de ses compères, le compositeur et guitariste Oren Bloedow en tête, donc autant rester succinct et laisser parler les photos, sélectionnées parmi celles-ci.

Passons rapidement sur la première partie de la Lyonnaise Joe Bell dont le set bien reçu par le public fourni de la Maro ne m’a guère emballé, une pop folk assez convenue au chant doucereux qui manquait de personnalité malgré un chouette accompagnement des percussions.


Heureusement, les élégants ricains pour lesquels l’audience se pressait en ce jeudi 1er novembre vont faire remonter le niveau dès l’entame sur le superbe Beyond The Horizon, l’un des nombreux morceaux de Pink Air joués ce soir (de l’électrique single Storm Cellar aux déjà classiques Dispossessed et Star Sheen en passant par le rêveur Start In Light et tous ceux dont on vous parle plus bas), au côté notamment du classique de 22 ans d’âge Lady In The Lake.


Seuls vrais bémols d’une setlist forcément actuelle où brillait même le disco-rock de Tidal Wave, l’exclusion de mes petits favoris Bum Raps & Love Taps et The Afterlife sans doute trop jazzy et feutrés pour la configuration plus rock de ce soir, l’absence également, dans le même esprit, du récent bijou Madeleine, et un Karen 25 malheureusement égratigné par un refrain chanté plus bas, de peur sans doute d’abîmer les désarmantes montées oniriques de ce sommet absolu du dernier opus voire même de la disco entière des New-Yorkais, transcendé quoi qu’il en soit par un jeu de scène parfait via les poses robotiques de Jennifer Charles.


A l’approche de la cinquantaine mais épargnée par le poids des années, sa voix capiteuse en particulier qui n’a pas bougé d’un iota depuis Bleed Your Cedar, cette dernière est forcément le centre d’attention, et mériterait presque un cliché à chaque geste, chaque moue, chaque déhanchement...


... y compris lorsqu’elle narre au micro, au son d’une sérénade improvisée d’Oren, sa rencontre avec l’ingé son de la formation (un bâtisseur d’ovnis), le batteur de tournée Sam Levin seulement croisé jusqu’ici aux chœurs sur un titre du plus pop et convenu Last Night On Earth heureusement laissé de côté ce soir-là (un apprenti vendeur de chaussures portugais débarqué à New-York pour honorer auprès du groupe une commande passée des années auparavant... ?!) et le bassiste Simon Hanes (un auto-stoppeur du désert), alors que les arpèges laissent place à l’enjôleur Higher Power issu du très beau Ghosts of No, dans une version étoffée pour l’occasion et entrecoupée des récits semi-romancés de l’Américaine.


Une poignée de digressions libertaires plus tard, pour nous rappeler qu’Oren Bloedow en dépit de sa discrétion sur scène au profit de la belle est un guitariste au talent certain, et ce sont les larmes de Jennifer dont on se souviendra longtemps au moment d’entamer en premier rappel le bouleversant Time Capsule, morceau de clôture de Pink Air à la nostalgie visiblement très personnelle pour la chanteuse.


Seconde sortie de scène et sous les applaudissements et encouragements nourris du public, c’est finalement le rare Flatline tiré de l’EP Clinical Trial qui vient clore ce concert d’anthologie sur son blues classieux aux accents noisy.


On en retiendra notamment une belle complicité entre Jennifer et Oren, secret très certainement d’une longévité qui a permis ce beau retour en forme sur Ghosts of No et surtout sur Pink Air, outre ce concert de toute beauté !


( RabbitInYourHeadlights )

 


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Chroniques // 29 septembre 2018
Elysian Fields

Retour habité, assuré, inspiré pour Jennifer Charles et Oren Bloedow avec leur meilleur disque des années 2010, leur plus rugueux aussi tout en restant subtil, mélancolique et enivrant, un futur classique pour les New-Yorkais et déjà l’une des collections de chansons les plus attachantes du cru (...)