Bololipsum + LpLp0 - La Bellevilloise (Paris)

le 13/10/2018

Futurisme décadent et lyrisme nintendocore sous le patronage du label Hapax

A la Bellevilloise ce samedi-là, au milieu des trophées muraux d’animaux empaillés du Sas très fin XIXe (le siècle, pas l’arrondissement, on est ici dans le 20e), il était bizarrement question de futurisme avec la release party de l’excellent t.e.e.l.f. du Montpelliérain Bololipsum, chroniqué en avant-première dans nos pages il y a quelques semaines.

Convié à la fête par le label Hapax de ce dernier, une invitation pour laquelle il remerciera au vocoder ses "amis humains", LpLp0 ouvrait la soirée, tout de poulpe dressé sur son estrade de vaisseau spatial. La créature à huit bras, derrière ses machines, son pad de percussions électroniques et son micro lardé d’effets, nous gratifie d’un set alternant instrus aux crescendos hypnotiques et chansons aux vocalises machiniques, quelque part entre synth-pop dépravée, krautrock psychédélique, groove régressif et kosmische musik ultra-saturée.


Un univers dont l’incandescence décalée m’évoquera plus que jamais sur scène, le décorum aidant, les grands pionniers de l’électro-noise-pop dada expérimentalo-barrée que furent les géniaux Add N to (X) au tournant des années 2000, groupe dont LpLp0 retrouve assurément l’esprit anticonformiste et décadent tout ne ne ressemblant qu’à lui-même, cf. cet EP d’il y a quelques années pour vous faire une idée.



Sans temps mort, après une heure d’un set brillant du mollusque en fin de compte fort sympathique malgré son aspect inquiétant, qui enverra au public "des bisous des bisous des bisous" avec sa voix toute droit sortie d’un film de science-fiction des années 50, Bololipsum investit son propre petit cercle de machines sur la droite de la scène où l’on avait repéré la fameuse game-boy bendée et cette Dictée Magique qu’il s’amusera à échantillonner entre deux samples de film scientifique vintage de la NASA passés en direct via un lecteur de bandes magnétiques.


Particulièrement remuant malgré la précision de sa scénographie sonique de conducteur d’orchestre analogique, le musicien jouera t.e.e.l.f. en intégralité ou pas loin. Parmi les sommets, les sonorités de cordes ethniques de l’intro Laika largement étoffée pour l’occasion, l’ascension stellaire aux beats massifs du single Illi, les syncopations oniriques du génial New Comos Order, et le chiptune planant du final tr*#*&hr#* au tempo modulé à foison jusqu’à sa coda proprement épique, qui bénéficient tous sur scène d’une ampleur et d’une dynamique supplémentaires, moins léchés, plus percutants voire presque fiévreux par moments... une énergie organique que Bololipsum dit vouloir retranscrire sur un prochain album taillé pour le live et l’on s’en réjouit d’avance !



En attendant, t​.​e​.​e​.​l​.​f. est désormais sorti en vinyle et CD, dans une édition limitée triangulaire façonnée à la main pour ce dernier et c’est plutôt la classe.


Quelques photos supplémentaires :








( RabbitInYourHeadlights )

 


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