Bololipsum - t.e.e.l.f.

On entend beaucoup de belles choses sur ce premier long format de Bololipsum, le beatmaking d’un Prefuse 73 qui aurait opté pour le circuit-bending d’instruments-jouets, le lyrisme synth-pop régressif et bariolé d’un Dan Deacon en plein marathon Nintendo (LUCA), le groove 8-bit de Fulgeance s’il troquait sa MPC et ses synthés analogiques pour une Game Boy trafiquée (New Comos Order), et surtout un attrait pour l’espace - il y envoie d’ailleurs un petit chien en éclaireur dès l’intro Laika - qui voit le rétro-futurisme cadencé du Français s’envoler pour des horizons qui restent encore à explorer.

1. Laika
2. Illi Voir la vidéo Bololipsum - Illi
3. Todo Està En Las Fuentes
4. Levitat
5. New Comos Order
6. LUCA
7. Peace Love & Cueillette
8. Ami Tomaké
9. Un Singe Dans L’Espace
10. Tr*#*&hr#*

date de sortie : 29-09-2018 Label : Hapax

"Court-circuiteur d’objets" comme il se définit lui même, adepte d’un chiptune qui exploite volontiers les erreurs et imperfections de ses hacks de jouets électroniques au service d’un breakbeat stellaire aux rythmiques syncopées, Bololipsum est sorti de l’anonymat il y a trois ans via l’EP lorem mundi publié sur son propre label Hapax, plus rentre-dedans peut-être comme une sorte de Big Beat nintendocore mais déjà prometteur, notamment son final Sodale la tête dans les étoiles. En parallèle du Bachcha Orchestra, collectif de création sonore par le biais d’ateliers organisés dans des médiathèques, des écoles, des universités, et du duo électro-rock Mangrov sur lequel on ne sait pas grand chose si ce n’est qu’il fait dialoguer sons de Game Boy et batterie, le Français a donc enregistré ce premier LP qui sort le 29 septembre en CD, vinyle et digital.

Des molécules au cosmos infini, mêlant graphismes digitaux et imagerie vintage d’archives en noir et blanc, la vidéo d’Illi que l’on vous dévoile aujourd’hui en exclusivité est un peu une allégorie de la musique de Bololipsum elle même, de la façon dont elle s’étoffe et se construit, partie d’une poignée d’éléments minimalistes pour s’envoler vers le firmament, se nourrissant du passé pour mieux regarder vers l’avenir d’un électro hip-hop ludique qui ne sacrifie pas son authenticité sur l’autel du clubbing racoleur, hymnique mais pas grandiloquent, mélodique sans tomber dans la facilité :


La suite est du même aca(8)bit, à la fois planante et catchy, hypnotique et hachée menue, de l’abstract downtempo aux beats massif d’un Todo Està En Las Fuentes dont les voix trafiquées évoquent celles de l’EP au tempo déréglé de Tr*#*&hr#* avec ses cascades rythmiques savamment agencées, en passant par l’irrésistible cavalcade Levitat avec ses montées gameboyesques façon Super Mario dopé aux champignons, le groove africanisant d’Ami Tomaké, le disco-funk en combi d’astronaute d’Un Singe Dans L’Espace, ou l’épique Peace Love & Cueillette que l’on se réjouit déjà de découvrir sur scène.

Et ça tombe bien les Parisiens, rendez-vous à la Bellevilloise le 13 octobre pour un concert gratuit en guise de release party, avec en première partie la lo-fi psyché bricolée de l’étonnant LpLpo, étrange héritier de feu Add N To (X). Quant aux chanceux Montpelliérains, ils auront droit à la même affiche en avance, samedi prochain 29 septembre au Black Sheep.

Chroniques - 20.09.2018 par RabbitInYourHeadlights