Place aux images, même si cette nouvelle rubrique IRM n’est pas exactement vouée à se passer de mots. Elle nous donnera en effet l’occasion de nous pencher régulièrement sur des albums laissés de côté faute de temps ou des singles annonciateurs ou non de sorties attendues.
La bande à Lee Scott, fleuron de la nouvelle scène rap british, revient avec l’un de ces clips chorals dont elle a le secret et un morceau glauque et urbain dans la continuité du fabuleux Part Deux : Brick Pelican Posse Crew Gang Syndicate dont on espère d’ores et déjà qu’il annonce la suite pour bientôt :
Il y a quelque chose de Twin Peaks dans ce remix de Nina Kardec signé Ed End, croisé justement il y a quelques années sur le premier volet de notre compil IRMxTP avec son projet Chromatic. Des fantasmagories texturées du morceau extrait de ce projet aux atmosphères visuelles nocturnes et saturées en passant par les surimpressions de visages évoquant le fameux BOB, tout est fondamentalement lynchien dans ce clip réalisé par le Français lui-même :
Sous l’impulsion du producteur Greenfinch, le Niçois lorgne ici un petit peu trop sur la trap pour égaler les dystopies du génial Zippo contre les robots mais Zippo reste le meilleur parolier français tous genres musicaux confondus quant il s’agit de mêler l’intime et l’engagé, avec un pessimisme qui tient malheureusement de la plus grande lucidité :
Le clip de plus moche de ce début d’année mais l’un des plus jouissifs aussi dans sa régression numérique assumée, contrastant avec la ballade freak folk de l’ex Pavement qui lui sert de bande-son. On reconnaîtra (ou pas) pêle-mêle sous le masque les copains Conor Oberst aka Bright Eyes, Kim Gordon, Kurt Vile, Sharon van Etten, Jason Schwartzman, Mac DeMarco ou encore Mary Lattimore :
Introspection en zone industrielle pour Casey, accompagnée d’un véritable groupe sur ce nouveau projet qui promet, à en juger par un second single aussi atmosphérique dans ses guitares et autre basse aux accents dub que cinématographique dans ses images nocturnes zébrées de réverbères, de fumerolles et de scintillements dans les flaques de pluie :
Encore du rap anglais avec le projet le plus délicieusement old school de l’écurie High Focus. Animé par rotoscopie et joliment psyché aux entournures, ce single d’une redoutable efficacité au mic invite l’excellent Smellington Spliff et annonce un nouvel album Nocturnal Instinct pour avril :
Parallèlement au très joli mais bien trop court Beautiful Chains mis en musique par le Berlinois Noblonski qu’on avait pu croiser sur notre compil’ hommage à Twin Peaks, Thorts rend hommage à son père décédé avec ce clip d’une saisissante sincérité, sur l’écrin jazzy et spleenétique à souhait d’un remix de l’EP Chrysalis de septembre dernier par l’Allemand sMoKEy131, producteur notamment pour jamesreindeer. Le rap à nu de l’Australien, plus introspectif et discret sur cette version, se révèle d’autant plus touchant :
Point de rap ici mais on reste en Angleterre, versant punk-hardcore avec cette vidéo bien graphique de Pressure, premier extrait du très vitriolé et très incendiaire Now Here’s An Echo From Your Future, premier album de Girls In Synthesis (dont on avait déjà parlé par là-bas) à paraître le 22 mai chez Harbinger Sound. Toujours concerné, toujours urgent, de plus en plus en colère, le trio poursuit son chemin, celui d’un punk-noise sculpté à l’acide mais aussi de plus en plus travaillé, se baladant sans cesse entre la borne post et celle plus hardcore d’un segment parcouru de telluriques circonvolutions. Pour Girls In Synthesis, l’avenir sera insurrectionnel ou ne sera pas :
Place cette fois-ci à toute la sensibilité de Dominique Van Cappellen-Waldock via le très élégant Searching For Grace, nouvel EP de Baby Fire (uniquement disponible au format numérique via Off, accompagné d’un très beau recueil de coloriages signé Alice Smith qui s’occupe également de l’artwork, comme à son habitude depuis The Red Robe en 2014) dont nous étions sans nouvelles depuis Gold qui remonte tout de même à 2016. Quatre titres, c’est peu mais lorsqu’ils sont de cette trempe et offrent une telle densité, la frustration rejoint dare-dare ses riantes contrées. On reconnait sans peine la voix et la guitare de Diabolita qui manipule également un thérémine à l’occasion, elle est cette fois-ci accompagnée de Cécile Gonay (basse, violon et batterie) et Lucile Beauvais (claviers) et ce Baby Fire renouvelé fait à nouveau merveille. Après un I’ll Take The Sun prototypique, on entend du suffocant (Perhaps The Hardest Lesson), du percussif (le siouxsien Glowing Heat) et de l’inattendu (le bien nommé Breath qui rompt quelque peu la doxa habituelle en arborant de faux-airs de cabaret ambient). Bref, une nouvelle fois, un carton plein qui fait impatiemment attendre la suite (qui devrait prendre la forme d’un LP qui se nommera Grace). Pour l’heure, scrutez les premiers pas feutrés (et remplis de grâce) de Jean-Claude devant la caméra :
Du très gros plan, du gros grain, du noir, du blanc, de l’orangé, ces images du From Never To Once annoncent In This House, nouvel (et deuxième) album de Lewsberg à paraître le 27 mars sur Lewsberg Records parce qu’on n’est jamais si bien servi que par soi-même. Une logique D.I.Y. qui sied parfaitement à la musique des Néerlandais, tangentiellement décontractée, élégamment coincée, convoquant crânement quelques grands fantômes (de Young Marble Giants à Television) dont elle ne saurait être un vague ersatz puisqu’on en retient d’abord la belle évidence et l’authenticité. Une musique qui fait du bien en ces temps pour le moins troublés :
On revient au rap, puisqu’il domine cette seconde occurrence de notre nouvelle rubrique clipesque. Le single signé DJ Matto n’est pas fantabuleux mais réunit la crème du hip-hop canadien de l’écurie Hand’Solo et ce sont donc les guests qui font tout le boulot, la palme à Touch, More Or Les, Jesse Dangerously et Tachichi pour leur décontraction paradoxalement bien aiguisée :
Enfin, pas du moment mais un peu quand même, le fameux single des Specials qui fêtera bientôt sa quarantaine (hum). L’exemple à ne pas suivre... vous remarquerez que Jerry Dammers et ses potes n’ont pas respecté les consignes de distanciation. On les soupçonne aussi de ne pas avoir sur eux leurs attestations de déplacement dérogatoires... des punks, on vous dit :